La mairie de Hyères dans le Var demande à l’association Explore & Preserve d'enlever ses panneaux de sensibilisation sous peine de verbalisation. La ville sanctionne mais tempère car dans le domaine environnemental, municipalités et associations devront de plus en plus travailler ensemble.
"1 mégot à terre = 1 mégot en mer", "Plastic kills"... L’initiative de l’association Explore & Preserve partait pourtant d’un bon sentiment :
"Depuis un an et demi, nous constatons qu’aucun panneau n’alerte nos concitoyens sur les risques de pollution marine", expllique Anne Settimelli, artiste photographe et fondatrice de ce collectif.
"Par exemple continuer de jeter ses déchets dans des poubelles pleines, c’est prendre le risque que le vent les emmène vers la mer, respecter les dates d’interdiction de la chasse au poulpe qui vont de juin à septembre, certains ne le savaient pas et nous ont contactés pour nous remercier de l’information".
Anne Settimelli se défend de tout activisme "rebelle et agressif". "Nous avons seulement une démarche citoyenne forte pour défendre la Méditerranée, nos panneaux ont été intégrés par les habitants, ils font désormais partie du paysage et de l’identité de la ville".
Une campagne d’affichage illégale
Mais pour la municipalité hyéroise, il y a des débordements qui sont inadmissibles et qui relèvent de l’affichage illégal.
Dans un communiqué le maire relève que "plus d'une dizaine de panneaux réglementaires d'accès aux plages (utiles aux services de secours) ont été repeints en blanc avec une inscription".
Pour le maire (LR) de Hyères, Jean-Pierre Giran "même si la nature du message est louable, l’affichage est strictement réglementé dans un espace naturel protégé comme le Tombolo de la Presqu’île de Giens".
La porte reste ouverte à la discussion
Explore et Preserve devra donc enlever tous ses panneaux sous peine de verbalisation. Mais la ville s’empresse d’ajouter qu’elle ne souhaite pas déclarer une guerre totale à l’association.
Une rencontre va être proposée par la municipalité afin d’étudier des emplacements où la pose de petits panneaux informatifs pourrait être réalisée en toute légalité.
Une proposition à laquelle Anne Settimelli répond favorablement. "Nous comprenons que l’affichage sur la voie publique est illégal et nous souhaitons collaborer avec la commune".
Forte de 300 adhérents et de 25 membres actifs, "Explore & Preserve" créée il y a un an et demi, mène régulièrement des actions de sensibilisation, d’information sur la pollution aquatique. Elle organise aussi des actions de nettoyage et de collecte des déchets sauvages.
Des discussions sont actuellement en cours avec le parc national de Port-Cros pour mettre en place une signalétique spécifique sur les communes du Parc.
Des communes de plus en plus concernées par l'environnement
A Carqueiranne, commune voisine de la cité hyéroise, la municipalité s’intéresse entre autres à la démarche menée par Explore & Preserve.
Des contacts ont eu lieu entre la mairie et l’association. Mais ce genre de rapprochement entre les municipalités et le monde associatif dans le domaine environnemental est assez récent.
Pour Victor Buson, conseiller municipal divers droite, délégué aux ports, plages et tourisme, l’arrivée de jeunes élus dans les villes explique en partie cette nouvelle entente.
"J’ai 30 ans et je souhaite renouveler la pensée, la philosophie écologique. Notre génération porte un nouveau regard sur le monde associatif. La démarche de "Explore & Preserve" m’a intéressé, je suis en contact avec cette association mais aussi avec d’autres car elles apportent une vraie plus-value éthique et surtout du concret dans les actions".
Des plaques devant les bouches d'égouts
A Carqueiranne, une campagne de sensibilisation à la pollution aquatique devrait rapidement se mettre en place.
Mais au-delà des collaborations et des partenariats qui peuvent se lier entre mairies et associations, certaines villes ont aussi fait le choix d’y aller seules !
A Toulon depuis neuf mois, la commune s’est mise en tête d’expliquer aux toulonnais que la pollution marine commence sous ses pieds. Des plaques explicites ont été apposées devant les bouches d’égouts.
C’était la volonté de Mohamed Mahali, adjoint au maire délégué au Développement durable. "Les mégots jetés dans la rue finissent dans le réseau pluvial. 40 % d’entre eux se retrouvent ensuite dans la mer. On ne la voit pas mais la Grande Bleue est là ! Juste sous nos pieds !"
Information, sensibilisation... À quand une union sacrée entre associations et politiques pour mener le même combat ? Une chose est sûre, notre planète, elle, n’attendra pas.