L'association Anticor vient d'adresser au procureur de la République de Draguignan un signalement pour conflit d'intérêt dans le projet d'implantation d'un établissement pénitentiaire sur la commune du Muy.
L’épineux projet du centre pénitentiaire de la communauté d’agglomération dracénoise évoqué par les services de l’État fin 2017 fait à nouveau parler de lui par la voix de l'association Anticor.
Un projet de prison sur la commune du Muy, dans l’Est du département du Var, d’une emprise de 15 hectares dans la zone du Collet Redon sur la D555. Un programme qui pourrait empiéter grandement sur des terres viticoles AOP, cultivées depuis le XVIIème siècle.
Le 11 avril dernier, Anticor a adressé au procureur de la République du tribunal judiciaire de Draguignan, un signalement pour conflit d'intérêt dans ce dossier.
De possibles liens entre des acteurs publics du projet et un promoteur immobilier sont à l’origine de notre signalement.
Jean GALLI, référent Anticor 83
Anticor 83 saisit la justice
Selon l'association, le projet, prévu dans un premier temps sur un autre terrain à proximité aurait fait l'objet d'un "glissement" pour "sauvegarder la zone initiale".
L’implantation initiale projetée sur le sud du périmètre a été modifiée afin de favoriser un projet de développement économique voulu par la commune du Muy.
Association Anticor 83
"Le projet initial aurait été déplacé plus au nord sur des terres agricoles exploitées en vue de l’implantation d’une ZAD promue par la DPVA (Dracénie Provence Verdon Agglomération) et la mairie du Muy sur la zone initiale", précise Anticor dans son signalement au procureur.
Suspicion de conflit d'intérêt
Et l'association va plus loin. Elle pointe du doigt le nom d'un promoteur immobilier, ainsi que celui d'un ancien directeur adjoint de l'agglomération, qui depuis a intégré cette même société immobilière.
Selon Anticor, il apparait que ces deux personnes auraient "exercé une influence sur le Président de la DPVA et la maire du MUY, en vue de favoriser l’implantation d’une zone économique en lieu et place du projet initial de construction d’un centre pénitentiaire. Et ceci au détriment de propriétaires de terrains agricoles, pour certaines bénéficiant d’une AOP."
D'où ce signalement pour de possibles "conflits d’intérêts, prises illégales d’intérêts et de trafic d’influence."
On retrouve trop souvent ce genre de problèmes de concomitances, voir liens directs, ce qui est le cas ici. C'est un problème récurrent et particulièrement dans le var. Ca dit du système, qu'il n'est pas contrôlé.
Jean GALLI, référent d'Anticor 83
Des soupçons d’irrégularités déjà dénoncés par le président de l’agglomération
Le maire de Draguignan, Richard Strambio, a été élu président de DPVA, Dracénie Provence Verdon Agglomération, en juillet 2020.
Si malversations il y aurait eu, cela aurait pu s’effectuer avant mon arrivée
Richard Strambio, président de DPVA, Dracénie Provence Verdon Agglomération
Fin 2020, le départ de son ancien collaborateur vers le secteur de l’immobilier aurait, selon ses dires, interpellé le nouvel élu. Il affirme avoir alors demandé l’ouverture d’une enquête au procureur de Draguignan.
A ce jour, le parquet de Draguignan ne nous a ni confirmé ni infirmé l'existence de cette enquête.
Un crève-cœur pour les viticulteurs du Collet Redon
De leur côté, les quatre producteurs de vin AOP du secteur du Collet Redon craignent toujours de voir disparaitre leurs vignes centenaires au profit d’un centre pénitentiaire.
Pour l'heure le président de l'agglomération Richard Strambio affirme n'avoir reçu aucune information de la part de l'Agence publique pour l'immobilier de la justice quant au choix définitif du terrain d'implantation de la prison.