Ce vendredi un avion privé et son pilote à bord se sont écrasés en mer lors du meeting aérien, à l'occasion de 80ème anniversaire du débarquement de Provence.
On connaît désormais le visage du pilote dont l'avion s'est abîmé en mer ce vendredi au large du Lavandou. Didier Berger, âgé de 65 ans, était un pilote très expérimenté. Il avait servi durant 45 ans dans l'armée de l'air, en tant que pilote de chasse puis en tant que formateur. Bruno Clermont, membre du Centre des hautes études militaires et ancien général de corps aérien, lui a rendu un vibrant hommage.
Tu as quitté le monde aux commandes de ton Fouga cher Didier. Bienvenue au bar de l'escadrille.
Bruno Clermont, centre des hautes études militaires et ancien général de corps aérien
Depuis son retrait de l'armée, Didier Berger était donc présentateur en vol privé du formidable Fouga Magister. Cet avion à réaction biplace, est un appareil d’entraînement 100% français. Il a permis de former des générations de pilotes militaires ; ceux-là même qui font la gloire de la Patrouille de France. Didier Berger avait acquis un exemplaire, il y a une trentaine d'années avant de quitter ses fonctions de pilote de chasse. Dans cette vidéo, un des vols réalisés par le pilote et posté sur Youtube.
Une des plus grandes qualités du Fouga Magister, mis en circulation dans les années 50, est sa très grande maniabilité. Il a cessé en 1980 d'équiper la Patrouille de France et a définitivement quitté les hangars de l'armée en 1996. Il vole désormais avec des pilotes privés dans quelques aéro-clubs français.
Le pilote était proche de l'aéroclub de Saint-Rémy-les-Alpilles dans les Bouche-du-Rhône. Son président, dans un communiqué, décrit le "Monsieur sécurité" qu'il connaissait bien.
Il n'hésitait pas à venir donner un coup de main. Didier était le Monsieur Sécurité du club d'Eyguières. Vélivole, pilote remorqueur, pilote de tous types d'avion, Didier était un passionné. Toujours agréable, toujours souriant, Didier nous manquera à tous.
T. Sicre, président de l'aéroclub de Saint-Rémy-les-Alpilles
Ce vendredi, vers 17h, dès que l'avion s'est abîmé en mer, le premier constat réalisé par les très nombreux spectateurs et services de sécurité présents : rien n'a été éjecté de l'avion. Et pour cause : le Fouga Magister, avion très prisé des passionnés de pilotage est pourtant dépourvu de siège éjectable.
Très rapidement, des images sur les réseaux sociaux montraient l'appareil légèrement désaxé et manifestement sans contrôle, s'abîmer au milieu des plaisanciers.
Les spectateurs étaient venus très nombreux pour assister à une démonstration de la Patrouille de France qui devait suivre celle de Didier Berger.
Je croyais que ça faisait parti du show, qu'il allait remonter. Quand il n'est pas remonté, il y a eu un silence. Tout le mode était stupéfait. C'est choquant.
Une spectatrice au micro de France Télévisions
Des secours étaient déjà présents afin d'encadrer le meeting aérien. Les pompiers du Var, le Cross Med, la Direction interrégionale de la mer Méditerranée, ainsi que la gendarmerie maritime ont été immédiatement mobilisés et le corps du pilote rapidement retrouvé. Compte tenu des tragiques circonstances, la PAF a annulé sa démonstration, les avions se sont redirigés vers la base aérienne de Hyères.
La malédiction familiale
Selon Bruno Clermont, l'ancien général de corps aérien, le père de Didier Berger, Gérard Berger, était lui-même "passionné par ce modèle d'avion et ancien pilote dans la Marine". Ce dernier est décédé dans les mêmes circonstances le 7 septembre 2003 à Ajaccio, aux commandes d'un Zéphyr, la version marine du Fouga Magister. Selon les informations de Nice-Matin, "il s’est écrasé dans un terrain vague non loin de l’aéroport. Son fils Didier, présent ce jour-là sur le tarmac, se jette à terre et hurle sa peine." Le quotidien précise également que "l’ancien militaire avait également un frère, Jean-Baptiste, décédé il y a deux ans. Ce dernier était pilote de ligne".
L'enquête
On ne connaît pas pour l'instant l'origine du drame. Samuel Finielz, le procureur du Var, a précisé les directions de l'enquête : "il faudra d'abord repêcher l'épave de l'aéronef, pour que celle-ci fasse l'objet d'analyses et d'expertises, pour déterminer une éventuelle défaillance mécanique ; puis il y aura des expertises d'ordre médico-légal, pour voir si le pilote n'a pas fait un malaise".
⚠️ Accident du Fouga Magister immatriculé F-AZPZ survenu ce jour sur la commune du Lavandou / Ouverture d'une enquête de sécurité / @BEA_Aero se rend sur place.
— BEA ✈️ ⚙️🔬🇫🇷 (@BEA_Aero) August 16, 2024
Le BEA, le Bureau d'enquêtes et d'analyses, a déclaré hier ouvrir une enquête de sécurité. Ce drame intervient deux jours après la mort de deux pilotes d'un avion de chasse Rafale tués dans la collision avec un autre appareil au cours d'un exercice de combat dans le secteur de Colombey-les-Belles (Meurthe-et-Moselle).