Dans le Var, entre le Muy et Roquebrune-sur-Argens, des agents de l'ONF font l'inventaire de la faune. Ils traquent le crapaud à couteaux, le "Pelobate cultripède", une espèce bien spécifique des mares temporaires de méditerranée. C'est une espèce en danger.
C'est au printemps que la traque s'opère, entre le Muy et Roquebrune-sur-Argens dans le Var.
Les agents de l'Office National des Forêts (ONF) font un inventaire de la faune dans les zones humides et marécageuses comme ici dans la mare de Catchéou.
Ils traquent le "Pélobate cultripède", un crapaud bien spécifique des mares de méditerranée.
Il mesure entre 7 et 9 cm et reste très discret malgré ses belles couleurs.
Il est reconnaissable à sa robe jaune-verdâtre, tachetée de brun, dont les motifs varient selon les individus.
Il est considéré comme une espèce en danger d'extinction.
"Dans notre projet d'inventaire, nous recherchons ce crapaud mais aussi une espèce de tortue bien particulière, la tortue de cistude, car les deux espèces sont menacées", explique Cédric Baudran, animateur du réseau national herpétofaune à l' ONF.
Pour accéder aux mares, il faut traverser le maquis méditerranéen, au milieu des Cistes et des Bruyères arborescentes. Le lieu n'est pas très accessible aux promeneurs.
Ces mares typiques de méditerranée sont temporaires, elles s'assèchent l'été et se remplissent à nouveau à l'automne.
"Nous avons pris des épuisettes pour retrouver les têtards qui se sont potentiellement reproduits à l'automne", explique le spécialiste des batraciens et reptiles.
Pour faire cet inventaire, les agents de l'ONF sont munis de nasses en plus des épuisettes.
" On les laisse soit en journée soit la nuit, et on y retrouve en général des petits têtards", détaille Cédric Baudran.
Cette espèce est en régression constante depuis le début du 20e siècle en raison de l'urbanisation, de la pollution, mais aussi de l'assèchement des zones humides.
" Le réchauffement climatique fait partie des menaces pour ces espèces, avec en particulier l'assèchement trop rapide des mares", précise Cédric Baudran, animateur du réseau national herpétofaune à l' ONF.
Dans ce cas, les têtards n'ont pas le temps de se transformer en crapauds.
C'est pour cela que d'autres mesures sont prises sur ces zones humides.
"Au milieu de la mare, il y a une mire, qui nous permet de surveiller le niveau de l'eau de la mare Catchéou", Nathalie Patry, chargée d'étude environnement ONF.
Des zones comme celles-ci, il en existe très peu.
"Ce sont des habitats qui sont rares, car ils ont été très fortement détruits, notamment dans les années 1970, et comme ce sont des milieux à très forte valeur biologique, on essaye de les préserver au maximum", explique Nathalie Patry.
Considérées comme des nids à moustiques, ces mares ont été asséchées par l'Homme.
" On a mis longtemps à comprendre la richesse de ces milieux, et ce sont aussi des zones tampons lors des phénomènes d'inondations qui peuvent avoir lieu", précise Cédric Baudran, animateur du réseau national herpétofaune à l' ONF.
Le "Pelobat cultripède" a la particularité de s'enterrer dans le sol, à plusieurs dizaines de centimètres de profondeur, grâce à des tubercules cornés qu'il a sous les pattes.
Il a la faculté de pouvoir creuser même des sols durs d'où son nom de crapaud à couteaux.
Etude biologique
Lorsque les agents ONF repèrent un têtard, ils le laissent grandir, et surveillent l'individu.
"Une fois qu'il aura grandi, on va lui prélever un morceau de queue, et le faire analyser par le Centre National de la Recherche scientifique de Montpellier", explique le spécialiste des batraciens et des reptiles.
Une étude de l'ADN pour pouvoir comprendre la densité de population et la répartition sur le territoire, entre les différentes mares de méditerranée.
"Plus il y a de diversité génétique, plus ils seront aptes, à faire face à des perturbations ultérieures", affirme Cédric Baudran.
Pour que cette espèce en grand danger survive, il faut que les individus soient brassés.
"Si les populations sont isolées, l'enjeu devient trop fort, c'est pour cela qu'il faut continuer à restaurer ces mares", assure Cédric Baudran.
Cet inventaire et les futurs corridors entre les différentes mares sont financés par l'Agence de l'Eau.
Quand les mares seront totalement asséchées au début de l'été, le crapaud à couteaux, va s'enterrer et attendra ainsi, les premières pluies d'automne pour ressortir.