Les planches étaient son royaume, le seigneur du théâtre Michel Bouquet est mort ce mercredi 13 avril, à l’âge de 96 ans. Son ami, Michel Boujenah, directeur du festival de Ramatuelle dans le Var, lui rend hommage.
"C'était un grand seigneur du théâtre, serviteur de son texte", confie l'acteur Michel Boujenah avec émotion.
L'actuel directeur du festival de Ramatuelle, a connu Michel Bouquet lors de ses venues artistiques. Notamment en 2009 où il avait joué le malade imaginaire de Molière, son auteur préféré.
Molière qu'il aurait rêvé de rencontrer. En 1971, il l'immortalise, en devenant , à la télévision, Argan dans Le malade imaginaire, réalisé par Claude Santelli, puis en incarnant Tartuffe, devant les caméras de Marcel Cravenne. Michel Boujenah ajoute en souriant : "c'est fou qu'il soit parti pour le 400 -ème anniversaire de Molière."
Exigence et humilité
Pour Michel Boujenah, l'acteur était humble et perfectionniste. Il se souvient notamment d'une anecdote pour les 30 ans de son festival en 2014 :
"Il a passé deux heures et demi dans sa chambre, juste pour se demander comment il allait souhaiter un joyeux anniversaire à mon festival sur scène.
Les planches étaient son royaume, lui qui, dans la vie, cultivait l'anonymat et l'humilité. Dans un entretien accordé au journal le Monde, en décembre 2006, sur ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas réussi à devenir comédien, Michel Bouquet répondait qu’il aurait fait n’importe quoi, comme "balayer le plateau ou distribuer les accessoires", pourvu que ce soit dans un théâtre.
Michel Boujenah conclu : "il était au service de ce qu'il jouait."
Un monument du théâtre français
Michel Bouquet, est un monument du théâtre français, connu pour avoir joué pas moins de 800 fois "Le roi se meurt" d'Ionesco, fan incontesté de Molière, et acteur sur grand écran chez Chabrol et Truffaut.
En 2013, il joue dans le film "Renoir" de Gilles Bourdos, à Cagnes-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes, en voici la bande-annonce :
Né le 6 novembre 1925 à Paris, fils d'un officier qu'il a peu connu car devenu prisonnier de guerre, Michel Bouquet doit son goût du spectacle à sa mère qui l'emmenait régulièrement à l'Opéra Comique.
"A chaque fois que le rideau se levait, il n'y avait plus l'horreur de la guerre, il n'y avait plus les Allemands autour (...), le monde irréel dépassait de très loin le monde réel. Ça a été le meilleur enseignement de ma vie", avait-il raconté à l'AFP.
Sur Twitter, comme de nombreuses personnalités publiques, le maire de Cannes, David Lisnard lui a adressé un "message d'adieu" :
Deux fois César du meilleur acteur et deux fois Molière du meilleur comédien, il avait aussi reçu un Molière d'honneur de la part de Fabrice Luchini en 2014, pour l'ensemble de sa carrière.
Cet été, le festival de Ramatuelle rendra hommage à l'artiste.