La justice a condamné vendredi à trois ans de prison, dont deux avec sursis, le maçon qui a mortellement percuté le maire de Signes (Var) Jean-Mathieu Michel en août 2019. L'élu de 76 ans était venu le verbaliser après le dépôt sauvage de gravats en pleine nature.
Poursuivi pour "homicide involontaire après usage de stupéfiants", parce qu'il avait consommé du cannabis une dizaine d'heures avant l'accident, l'ouvrier a écopé vendredi de trois ans dont deux avec sursis et d'une annulation de permis.
Une peine conforme aux réquisitions du procureur lors du procès le 11 mars 2022 au tribunal correctionnel de Toulon.
"Vous êtes coupable des faits qui vous sont reprochés, mais c'est un accident,
un homicide involontaire avec la circonstance aggravante que vous aviez des
traces de produit stupéfiant dans le sang", a insisté la présidente en s'adressant au maçon de 25 ans, qui a fui vendredi les journalistes, traumatisé par le retentissement médiatique et politique de cette affaire.
Le 5 août 2019, en plein après-midi, le maçon de 23 ans avait accidentellement écrasé, Jean-Mathieu Michel, en faisant marche arrière.
Le maire qui était avec trois autres personnes, s'était arrêtée en voyant le jeune homme, employé d'une entreprise locale de BTP, déverser des gravats, aidé d'un apprenti, le long d'une départementale.
Le conducteur qui s'apprêtait à repartir, avait alors renversé l'élu qui était au téléphone avec la police municipale pour le faire verbaliser. Le prévenu a toujours assuré durant ses auditions ne pas avoir vu la victime.
"Je suis désolé de ce qui s'est passé. C'est affreux", s'était timidement exprimé
le maçon à son procès le 11 mars.
Emotion et indignation après le décès de "Jeannot"
Le décès de "Jeannot", à la tête du village depuis 1983 avait suscité une vive émotion et l'indignation de nombreux élus. Le président de la République avait promis
de veiller "personnellement à ce que face aux incivilités et à la désagrégation
(...) du sens de l'Etat et de la nation, la réponse soit toujours ferme".
Il s'agit d'"un manquement, d'une négligence, mais pas d'une agression volontaire,
délibérée", "encore moins (l'agression) d'un maire en raison de ses fonctions",
avait estimé dans son réquisitoire le ministère public.
L'avocat de la famille du maire, partie-civile, Me Jean-Claude Guidicelli, avait
pour sa part pointé le comportement "égoïste" de l'ouvrier, qui "fatigué", "n'avait
pas envie de se faire verbaliser et très envie de partir", le conduisant à effectuer
cette brutale marche-arrière.
Une indemnité de 15.000 euros a été octroyée au fils de Jean-Michel Mathieu pour
préjudice moral.