Vendée Globe: entretien avec le Toulonnais Sébastien Destremau

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Sébastien Destremau court dans son 1er Vendée Globe. Le Toulonnais de 52 ans ne joue pas la gagne, il ambitionne de finir son tour du monde en solitaire, sans escale ni assistance, à bord de TechnoFirst FaceOcean, un bateau mis à l'eau en 1998. Il a répondu aux questions de Jean-Louis Boudart.

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Sébastien Destremau a pris le départ du 8e Vendée Globe aux Sables d'Olonne le 6 novembre dernier. C'est son premier "Everest des mers". A 52 ans, le skippeur toulonnais, ancien régatier professionnel a déjà à son actif plusieurs campagnes pour la Coupe de l’America, il a aussi participé à la Volvo Ocean Race, le tour du monde en équipage avec escales.

Dans cette traversée mythique à bord de TechoFirst FaceOcean, un bateau déjà ancien mis à l'eau en 1998, Sébastien Destremau se fixe pour objectif de terminer sans casse son tour du monde. Huit jours après le départ, d'autres ont déjà subi des avaries. Le Français Tanguy De Lamotte a cassé sa tête de mat, et le Japonais Kojiro Shiraishi a déchiré l'une de ses voiles. 
Quant à l'Espagnol Didac Costa, il  a décelé une voie d'eau une heure seulement après son départ, permettant à Destremau de prendre l'avant-dernière place du classement. 


Comment se passe la vie à bord après quelques jours de course ?


"Le plus simplement possible... Curieusement Je suis rentré dans le rythme immédiatement.. Très peu de manoeuvres,  puisque le premier changement de bord a eu lieu hier.. Le reste, c'était surtout des ajustements de voiles en fonction de la force du vent. La simplicité de mon bateau fait qu'il n'y pas grand chose à faire".

N’êtes-vous pas trop déçu de voir vos adversaires loin devant ?


"Je ne suis pas du tout décu puisque la position des autres ne m'intéresse pas.. Je ne veux pas savoir où ils sont ou ce qu'ils font pour le moment. Je me connais, mon esprit de compétition affecterait mon jugement de naviguer en bon marin".

Du coup, je fais comme s'ils n'existaient pas, le but n'étant pas de battre qui que ce soit, mais de finir ce Vendée Globe.


Comment se comporte le bateau ? 


"Le bateau va très bien.  Le seul problème que j'ai rencontré jusque-là, c'est avec un des deux ballasts avant qui s'est un peu éventré et qu'il va falloir que je répare. Pas un seul autre vrai souci à déplorer. Le mat va très bien et je n'ai pas d'inquiétude de ce côté-là. Comme tout est neuf à bord, il n'y a pas de problème. Mais qu'en sera-t-il quand l'usure aura fait son oeuvre? Seul le temps le dira."

Comment garder la motivation quand on navigue tout seul, sans adversaire direct ?


"La question ne se pose même pas puisque je suis parti sur ce Vendee Globe en laissant mon esprit de compétition sur le quai. De plus, tout est une question de préparation.

Je savais depuis longtemps que ma place normale est la dernière.


De toute facon, j'avais prévu de ne pas me laisser embarquer dans une quelconque compétition et de vivre le Vendée Globe plus comme une aventure qu'autre chose. En effet, à quoi bon chercher à finir au milieu de flotte? Ou à battre un ou deux bateaux? Je n'y vois aucun intérêt..

Il n'y a qu'un vainqueur (et on sait que ce sera pas moi) et pour les autres? Ce sont des finisseurs de Vendée Globe ou des abandons.. Je tiens énormement à rester dans la premiere catégorie même si ca veut dire finir très loin derrière tout le monde. Je m'en fous complètement de ça."

Quelles sont vos sensations à bord pour cette première navigation autour du monde ? 


"Pour le moment, il s'agit de naviguer en territoire connu. La descente de l'Atlantique ne sera pas le problème de ce tour du monde. On en reparlera quand on sera dans le Grand Sud. Sinon, je suis toujours étonné de constater à quelle vitesse le temps passe.. Déjà une semaine de mer, c'est assez incroyable. J'ai l'impression qu'on est parti hier..
Je rajouterai que le fait de s'éloigner enfin de l'agitation et du stress de ces années/mois/jours de préparations est un grand bonheur."


Quelles vont être vos options de course pour la suite de la descente de l’Atlantique ?


"Normalement,une descente en babord amure sans trop de manoeuvres jusqu'a l'Equateur qu'il faut en général traverser entre le 28/30 ouest. C'est là que le Pot au Noir est souvent le plus étroit. Mais pour le moment je suis encore sous l'influence de Madère et le vent varie énormement en force et en direction.

J'espère toucher les vrais alizés sous peu. Ce serait chouette de bombarder un peu."

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