À la suite de l’attaque au couteau au sein de l’Intermarché d’Apt (84) le 25 janvier 2025, le parquet national antiterroriste a ouvert, ce mercredi 29 janvier 2025, une information judiciaire du chef de tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste.
Le parquet national antiterroriste a annoncé ce mercredi 29 janvier l'ouverture d'une information judiciaire du chef de tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste concernant l'attaque au couteau à Apt (Vaucluse) le 25 janvier dernier. Le suspect, Medhi B. a été déféré au terme de l'enquête de flagrance déféré et le parquet national antiterroriste requérait sa mise en examen ainsi que son placement en détention provisoire.
Plusieurs témoins l’entendaient crier "Allah Akbar"
Le 25 janvier 2025, vers 17 heures 30, Mehdi B. pénétrait seul au sein de l’Intermarché d’Apt. Il se dirigeait immédiatement vers les lignes de caisse, où se trouvait un couple. Se positionnant derrière l’homme, il lui portait de nombreux et violents coups de couteau à la gorge puis, en raison des gestes de défense de la victime, vers le haut du corps. Plusieurs témoins l’entendaient crier "Allah Akbar", à plusieurs reprises. L’intervention de l’agent de sécurité du supermarché permettait de le désarmer et de le maîtriser, avec l’aide d’un employé et de clients. Un couteau de cuisine, avec un manche en bois, dont la lame de 9 cm s’était brisée, était retrouvé au sol près des caisses. "Arrivés rapidement sur les lieux, les militaires de la gendarmerie nationale interpellaient Mehdi B. à 17 h 35 et le plaçaient en garde à vue", indique le parquet.
Le client victime, présentant plusieurs plaies au niveau de l’oreille et du menton, s’est vu reconnaître une incapacité totale de travail de sept jours. "L’incapacité totale de travail de l’agent de sécurité du supermarché sera déterminée par une expertise médicale ordonnée dans le cadre de l’information", précise le parquet.
"Dans le cadre de sa garde à vue, si Mehdi B. reconnaissait la matérialité des faits, il contestait toute intention homicide", annonce le parquet.
"Sans emploi et sans revenu, résidant à proximité du supermarché"
"Mehdi B. est un homme âgé de 32 ans, né à Apt, de nationalité française, sans emploi et sans revenu, résidant à proximité du supermarché, chez un membre de sa famille" précise le parquet national antiterroriste. "Il a été condamné à trois reprises, dont le 22 novembre 2017 par le tribunal correctionnel d’Avignon pour des infractions à la législation sur les explosifs à la peine de six ans d’emprisonnement, outre un suivi socio-judiciaire pendant trois ans. Les investigations réalisées alors avaient notamment mis en évidence la confection d’une ceinture explosive factice et la détention, à son domicile, de plusieurs kilos de TATP en cours de fabrication, de liquides et de matériels servant à la fabrication d’engins explosifs", poursuit le parquet.
"Si son intérêt pour le Hamas et Daesh était mis en exergue, les investigations ne permettaient pas alors de caractériser un projet terroriste", indique le parquet antiterroriste avant d'ajouter "lors de son incarcération, son rapprochement avec des individus radicalisés était observé, outre un attrait pour la littérature salafiste et prônant le djihad armé, ainsi que des périodes de pratique religieuse radicale. À l’issue d’une évaluation en quartier d’évaluation de la radicalisation, il exécutait sa condamnation en quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR)".
Sorti de détention en septembre 2021 après exécution de la peine d’emprisonnement ferme à laquelle il avait été condamné, Mehdi B. faisait l’objet jusqu’en septembre 2024 d’un suivi sociojudiciaire par le juge d’application des peines d’Avignon. "Il était par ailleurs pris en compte à titre administratif par les services spécialisés et faisait l’objet, dans ce cadre, d’une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (MICAS), en 2021, ainsi que d’une visite domiciliaire, en 2023, dont il ne ressortait aucun élément nouveau", ajoute le parquet.
"Ayant intensifié sa pratique religieuse et étant isolé"
Selon les témoignages recueillis par l'enquête, "Mehdi B. est décrit par son entourage comme isolé, ayant intensifié sa pratique religieuse depuis 18 mois et tenant des propos complotistes et hostiles aux institutions étatiques". Mais le parquet nuance en affirmant "qu'Aucun lien avec une organisation terroriste n’est établi à ce stade".
L’examen médical réalisé lors de sa garde à vue dans la procédure ouverte à la suite des faits commis le 25 janvier a conclu à la compatibilité de la mesure avec son état de santé. "Les investigations sur sa personnalité devront être poursuivies dans le cadre de l’information judiciaire, plusieurs membres de son entourage évoquant un état dépressif sévère en suite d’un épisode psychotique intervenu en 2022", conclu le parquet national antiterroriste.