Avignon : ce que l'on sait après la mort d’un policier abattu au cours d’un contrôle de drogue

Un policier a été tué à Avignon mercredi 5 mai lors d'un contrôle lié à un trafic de stupéfiants. Ce jeudi 6 mai, une femme a été interpellée.

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Ce matin, une femme a été interpellée. Probablement une cliente que le policier aurait contrôlé avant de s’adresser au dealer qui lui aurait tiré dessus. Un homme soupçonné d'avoir été présent près du point de deal a aussi été interpellé mais il a été libéré de sa garde à vue au commissariat d'Avignon.

Vers 18h30 mercredi dans le secteur de la rue des Teinturiers, près de la place Pie, à Avignon, les policiers sont sollicités pour intervenir près d'une épicerie. Sur place : un point de deal.

Ils décident de les contrôler. Un homme sort une arme et tire à quatre reprises sur le policier. Son collègue riposte mais l’individu et son complice prennent la fuite en courant.

L'agent de police est touché. Il venait de retirer son gilet pare-balles car il était en fin de mission. Eric, le policier, n'a pas survécu à ses blessures. Ce jeudi, l’auteur des coups de feu est toujours en fuite.

Le ministre de l'intérieur s'est rendu à Avignon pour rencontrer la famille de l'agent décédé. Mais pour le principal syndicat de police, Alliance, "l'état ne protège plus ses policiers".

"Il est mort en héros"

Cette lutte contre le trafic de stupéfiants s’apparente à une guerre. Aujourd’hui un de nos soldats est mort. Ce combat face à la drogue, nous le poursuivrons et nous le gagnerons

a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Face au ministre de l'Intérieur, les syndicats comptent mener une action.

Frédéric Lagache, délégué général d'Alliance, prévient d'une action prochaine des fonctionnaires. "Les policiers doivent être protégés et aujourd'hui, force est de constater que l'Etat ne protège plus ses policiers", a t-il déclaré à l'AFP. "Nous allons agir et réagir. Nous n'accepterons pas sans réagir que des collègues soient victimes de leur mission".

La victime, âgée de 36 ans, était pacsé et père de deux enfants, âgés de cinq et sept ans. Il est issu d'une famille de policiers. Ce mercredi, il était exceptionnellement en civil pour les besoins de l'opération. Cet agent faisait parti du GDI,  un groupe départemental d'intervention chargé de faire de la sécurisation et du maintien de l’ordre.

"C'est l'Etat qui est touché"

"Les représentants de l'Etat sont trop souvent pris à partie", selon Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police. "Les policiers, comme les enseignants. C'est un mécontentement contre les services de l'état. Et puis il n'y a pas assez de fermeté, au niveau de la justice, quand on s'en prend aux représentants de l'Etat. Il faut agir, c'est non négociable."

Plusieurs syndicats questionnent sur les suites pénales. Beaucoup craignent que les sanctions ne soient pas à la hauteur du mal fait. Même dans l'émotion, tous soulignent le problème d'inadéquation entre ce meurtre et la réponse pénale. Ce sera l'enjeu majeur de ce terrible fait divers.

Des commercants alertaient la police depuis plusieurs mois

En septembre 2020, la gérante du Café Thiers, dans cette même rue, poussait son "coup de gueule" comme elle écrivait sur Facebook

Dans une vidéo, elle dénonce ce point de deal qui regroupe chaque jour une quinzaine de jeunes, depuis plusieurs années. Elle a, à plusieurs reprises, averti la police municipale et nationale, qui venaient régulièrement pour faire fuire les dealers et les acheteurs.

En septembre 2020, elle prédisait déjà qu'un drame allait arriver. Sur place, les riverains et les commerçants évoquent le problème des épiceries ouvertes 24 h/24.

Les élus se sentent démunis et demandent d'avantage de caméras de surveillance. Dans le quartier de la reine Jeanne, les habitants se disent terrorisés par les trafiquants.

Les réactions se multiplient sur les réseaux

Délinquance à Avignon : des chiffres en hausse

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, depuis 2017, les chiffres des blessés dans les forces de l'ordre (FDO) sont en augmentation (sauf 2020, mais on peut imaginer que les confinements y sont pour quelque chose) :

  • 2017 : 19.565 FDO dont 9.961 en mission;
  • 2018 : 22.867 FDO blessées dont 11.944 en mission;
  • 2019 : 25.476 FDO blessées dont 11.217 en mission.

En 2020, 19 468 policiers et gendarmes ont été blessés dont 8.719 en mission.
18 policiers et gendarmes ont trouvé la mort dont 11 en mission.

 

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