L'association Foll'Avoine a déposé jeudi 6 février 25 plaintes au tribunal judiciaire de Carpentras. Ils s'appuient sur des analyses urinaires effectuées en 2019 : tous les tests ont été dépistés positifs au glyphosate.
On les appellent les "pisseurs involontaires" : des dizaines de citoyens, qui ont accepté d'effectuer des analyses d'urine dans un seul but : déterminer s'il existe des traces de glyphosate dans leur organisme.
A Pernes-les-Fontaines, tous ont été révélés positifs à ce pesticide. C'est pourquoi ils ont décidé, aidés par l'association Foll'Avoine, de porter plainte.
"Je dois ingérer du glyphosate en continu !"
Parmi eux, Serge Allegre, militant de l'association. Il n'a pas été surpris du résultat de ses analyses : " quand j'ai su mon taux, (de 1.53 nanogrammes de glyphosate par millilitres de sang), je n'ai pas été étonné, puisque tout le monde est testé positif dans la région".Ce taux, bien supérieur à la quantité de glyphosate tolérée pour l'eau potable, à savoir 0.1 nanogramme par millilitre.
Ce qu'il ne comprend pas, c'est qu'il habite dans une zone de Sorgues (Vaucluse), assez éloignée des zones d'épandage : "ça doit être dans l'eau que je consomme, et je doit en ingérer en continu puisqu'en théorie le glyphosate est supposé être éliminé par l'organisme".
Si ce retraité de 74 ans a décidé de porter plainte, c'est qu'il s'inquiète pour les générations futures : " je ne suis pas inquiet pour moi, mais pour mes enfants, mes petits-enfants ! Comment ces pesticides vont-il réagir sur eux ? On sait déjà que c'est un perturbateur endocrinien !" déplore-t-il.
Cancers du sang, Parkinson, des maladies professionnelles chez les agriculteurs.
Un constat que déplore également Mireille Lambertin, la Présidende de Foll'Avoine : "l'exposition à tous les types de pesticides, y compris le glyphosate, est reconnue comme pouvant générer des maladies professionnelles chez les agriculteurs : des Lymphomes non hodgkiniens (cancer du sang) mais aussi des développements de maladie de Parkinson, si l'on est exposé plus de 10 ans à ces produits" explique-t-elle.Fille d'agriculteur du Vaucluse, et médecin, son combat a commencé il y a plusieurs années, auprès des "Faucheurs volontaires", qui s'engageaient à détruire les parcelles de cultures transgéniques : "nous déposions des étiquettes sur les produits de consommation issus de ces OGM".
6200 analyses en France, 3756 plaintes déposées.
Aujourd'hui, Mireille Lambertin est à l'initiative de toutes ces analyses en France : au total en 2019, 6200 analyses ont été faites auprès de volontaires. 3756 plaintes ont déjà été déposées, 5900 devraient suivre.Des plaintes contre les fabricants de glyphosate, les agences sanitaires françaises et européennes, les laboratoires ... Tous les acteurs qui ont permis à la Commission Européenne, de prolonger l'utilisation du pesticide jusqu'en décembre 2022. Trois motifs ont été retenus sur ces plaintes : mise en danger de la vie d'autrui, atteinte à l'environnement, et tromperie aggravée.
A travers cette action, les "pisseurs involontaires" "ne souhaitent pas stigmatiser les agriculteurs mais mettre en cause le système pesticide auquel on a soumis toute l’agriculture. Il vise en particulier en démontrer les dysfonctionnements et les insuffisances majeures du processus d’évaluation des pesticides." explique la présidente.
L'objectif est de faire remonter toutes ces plaintes au Tribunal de Santé Publique de Paris.