Les sapeurs-pompiers du Vaucluse ont été pris pour cible par l'homme qu'ils étaient venu secourir. Enfermé dans son appartement, l'individu muni d'un fusil a été interpellé par le RAID quelques heures plus tard.
On a tiré sur l'ambulance. Un impact sur le pare-brise, un autre sur la vitre latérale côté conducteur, l'intervention aurait pu virer au drame. Vendredi vers 17 heures, trois pompiers ont été dépêchés à Carpentras dans le Vaucluse pour secourir un homme blessé aux côtes après la chute d'une armoire à son domicile. Une intervention "de prime abord banale", relate le lieutenant Patrick Chavada.
Arrivés sur place au premier étage d'un immeuble situé chemin de Saint-Labre, les sapeurs-pompiers ont trouvé un quinquagénaire "énervé" aux côtés de sa femme et de son fils. Des faits de violences conjugales auraient eu lieu, rapporte le service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du Vaucluse.
Les pompiers enferment l'homme et prennent la fuite
Alors qu'ils étaient en train de prendre en charge l'homme blessé et placé sur une chaise pour être évacué de l'appartement, ce dernier a réussi à se saisir d'un fusil qui se trouvait à son domicile. Ce geste a mis en fuite les sapeurs-pompiers, avec l'épouse et l'enfant. En partant, ils ont réussi à enfermer l'homme à l'intérieur de l'appartement.
Le père de famille s'est alors mis à la fenêtre et a tiré "5 à 6 coups de feu dans leur direction", rapporte le lieutenant Patrick Chavada. Les impacts de balles sont visibles sur les photos prises par le chef du groupement terriorial.
Les sapeurs-pompiers se sont mis à l'abri. La police a installé un périmètre de sécurité en attendant le Raid de Marseille. À son arrivée en véhicule blindé, l'unité d'élite de la Police nationale a pu entrer dans l'appartement, maîtriser le tireur et le menotter. Une deuxième équipe de pompiers a transporté l'individu à l'hôpital de Carpentras, tandis que la femme et l'enfant ont été pris en charge par la police.
Le procureur de la République Pierre Gagnoud s'est rendu sur place dans la soirée. "Soutien aux sapeurs-pompiers de France et du SDIS 84 comme aux policiers du Vaucluse et du RAID de Marseille", a réagi la préfecture.
Dans le quartier, l'homme serait connu pour son comportement "un peu particulier", souligne le SDIS. Au total, l'intervention qui semblait habituelle a duré plus de cinq heures : de 17h à 22h30.
Une intervention "classique" qui dérape
Aucun blessé n'est à déplorer mais pour les pompiers, l'impact psychologique est important quelques jours après la mort de trois gendarmes en intervention dans le Puy-de-Dôme.
Le SDIS du Vaucluse a fait intervenir le service de santé composé d'un médecin et d'un infirmier psychiatrique. "On est très sensibilisés à ce type de mission quand on a les éléments de départ sur une personne qui est armée, qui est dangereuse, agitée. Dans ces cas-là, on prend des précautions, on attend la police pour s’engager. Mais hier on est partis pour une intervention classique : un blessé à domicile, sans notion d'agressivité, explique le lieutenant Chavada.
Le service public ne doit pas être la cible du mal-être social.
"On n'est pas à l’abri d’une intervention classique qui dérape sur une intervention particulière et dangereuse. Il faut toujours être très vigilants, ce qu'a fait l'équipage hier."
Les Pompiers de France ont réagi sur les réseaux sociaux :"Un drame terrible évité grâce aux réflexes des sauveteurs qui se sont mis à l’abri".
#Carpentras | Au moment où la victime était prise en charge par les sapeurs-#pompiers du @sdis84, celle-ci s’est saisie d’un fusil pour leur tirer dessus. Un drame terrible évité grâce aux réflexes des sauveteurs qui se sont mis à l’abri. Le #Raid a neutralisé le tireur. pic.twitter.com/CoR8cqzg3R
— Pompiers de France (@PompiersFR) December 25, 2020
"Les pompiers ont eu le bon réflexe d'enfermer la personne, de quitter les lieux et de se mettre à l'abri des tirs. Si on avait eu le conducteur dans le véhicule, il aurait été touché par deux impacts de balles", continue Patrick Chavada.
"Le service public ne doit pas être la cible du mal-être social, témoigne Grégory Allione, président des Sapeurs-pompiers de France sur Twitter. J’apporte tout mon soutien aux sapeurs-pompiers du SDIS 84, choqués car visés par la victime qu’ils sont venus sauver ! Un acte abject et inacceptable".
Un drame a été évité, mais il rappelle un autre récent & fatal.
— Grégory Allione - FNSPF & ODP (@AllioneFNSPF) December 25, 2020
Si Ste-Barbe semble encore avoir agi pour nous protéger, gardons toute vigilance. Le service public ne doit pas être la cible du mal-être social. Pompiers, gendarmes ou policiers, les uniformes protègent & secourent. https://t.co/8iAB8xtJfc
Samedi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a apporté son soutien aux pompiers. "Cet acte odieux ne restera pas impuni", a-t-il déclaré sur Twitter.
Hier soir à Carpentras, engagés sur une opération de secours, les sapeurs pompiers du @sdis84 ont été la cible de tirs de carabine. Tout mon soutien à ceux qui nous protègent au péril de leur vie. Cet acte odieux ne restera pas impuni.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) December 26, 2020
Les pompiers menacés ont été entendus par un officier de police judiciaire. "On va déposer plainte, assure le lieutenant Chavada. À titre personnel et au nom du service".