Affaire des comptes de l’OM : 18 transferts auraient fait l'objet de malversations

On connaît enfin les noms des 18 joueurs ou ex-joueurs de l'OM dont les transferts auraient fait l'objet de malversations principalement entre 2009 et 2010.
Ces révélations interviennent au terme de 4 ans d'enquête menées par la Brigade Financière de Marseille. Le rapport d'enquête décrypté.

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Antoine Veyrat l'ancien directeur général de l'OM, vient de passer ce jeudi 1er octobre dans le bureau des juges Christine Saunier-Ruellan et Guillaume Cotelle pour un interrogatoire de première comparution. A cette heure, il n'est pas possible de préciser si l'ex-dirigeant du club olympien a été mis en examen pour abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, faux et usage de faux au préjudice de l'Olympique de Marseille.

Retour sur 4 années d'enquête

En marge d’une affaire de racket de boîtes de nuit aixoises, le dossier "Calisson". L’enquête judiciaire démarre en juillet 2011. L’un des mis en cause dans ce dossier livre, en garde à vue, sa passion pour le football et parle de ses activités d’agent de joueurs notamment auprès d’André-Pierre Gignac.

Les conversations téléphoniques de Christophe D’Amico sont enregistrées. Les policiers s’aperçoivent que ce personnage "incontournable des nuits aixoises", fait l’objet de pressions de membres du banditisme corso-marseillais tels que Jean-François Federici, Jean-Pierre Anastasio et d’autres.



Didier Deschamps mentionné

Le nom de Didier Deschamps apparaît. L’enquête s’oriente vers l’Olympique de Marseille les policiers travaillent sur l’hypothèse de l’extorsion de fonds en bande organisée. Les téléphones de José Anigo et de l’entraîneur du club sont mis sur écoute. Les interceptions téléphoniques sont instructives. Les enquêteurs s’aperçoivent, outre le clan Federici présent dans l’environnement d’impresario de footballeurs, de la forte influence de l’agent de joueurs Jean-Luc Barresi, présenté comme un personnage sulfureux, condamné à 3 ans de prison dont 1 ferme par la cour d’appel d’Aix en Provence en mars 2014, pour une vieille affaire d’extorsion de fonds.

Avec quelques proches, il agirait sur le recrutement de plusieurs joueurs au sein du club phocéen. Ces écoutes téléphoniques font apparaître que José Anigo, a un rôle de pivot entre l’OM et "la sphère Barresi".
Concrètement, au cours de la saison 2011, le Directeur sportif, avait assez peu de contacts téléphoniques (43), avec l’entraîneur, avec qui semble-t-il, les relations étaient tendues. En revanche, pendant la même période, José Anigo totalisait 358 contacts avec Jean-Luc Barresi et 243 avec Richard Deruda, présenté, par la Police Judiciaire, comme un malfaiteur notoire.

Les intérêts des gens qui sont autour

Parmi le très grand nombre de conversations téléphoniques certaines éclairent les enquêteurs sur le fonctionnement du club et la place occupée par les malfaiteurs. Exemple, Didier Deschamps parle, à propos de l’achat d’un joueur qui serait surpayé "les intérêts des gens qui sont autour…"

Les premières investigations, ont conduit à la découverte de liens ambigus entre des proches de Jean-Luc Barresi et des dirigeants de l’Olympique de Marseille ayant pour conséquences de prises de décisions contraires à l’intérêt financier du club et de son actionnaire majoritaire la S.A Eric Soccer dirigée par la veuve de Robert Louis-Dreyfus.

Des dirigeants "généreux"

Il ressort des éléments recueillis au cours de cette longue enquête que les dirigeants semblent avoir fait preuve d’une "particulière générosité" avec les clubs qui leur avaient "vendu" leurs joueurs, les joueurs, leurs agents. Et à l’inverse apparaissaient comme de piètres négociateurs avec les clubs auxquels ils avaient "cédé" des joueurs.

Ces décisions prises par les responsables du club depuis plusieurs années auraient permis aux agents proches de Jean-Luc Barresi et José Anigo de s’enrichir notamment grâce aux commissions versées à ceux-ci lors des signatures de contrats de joueurs et de leurs prolongations.
Dès lors, l’enquête change d’axe et passe du banditisme, l’extorsion de fonds et association de malfaiteurs à un aspect plus classique l’abus de biens sociaux, abus de confiance.

Les investigations permettent de constater que les joueurs sont « achetés » trop chers et « revendus » à perte par les dirigeants. 18 transferts font l’objet d’analyses poussées :

  • Lucho Gonzales le transfert le plus cher de l’histoire du Club acheté 22 millions d’euros au FC Porto en juin 2009. 3 ans plus tard il est "cédé" gratuitement au club portugais alors qu’il était encore sous contrat avec l’OM avec une clause de départ de 3,5 Millions d’euros.
  • André-Pierre Gignac acheté au FC Toulouse pour 18 Millions d’euros en août 2010. D’après le Président toulousain, les négociations avec le Directeur Général de l’OM de l’époque ont duré un quart d’heure au téléphone. Les policiers s’étonnent du peu de temps de négociation pour un transfert d’un tel montant.
Le mercato 2009/2010 : les consignes de l’actionnaire du club - Eric Soccer- sont claires : Le recrutement d’un seul attaquant pour un montant de 8 millions d’euros, un contrat de 4 ans avec un salaire maximum de 180.000 euros bruts mensuels.

Rool a coûté 1.409.000 euros par match joué

Le club est présidé à l’époque par Jean-Claude Dassier. Les enquêteurs constatent que les dirigeants se précipitent pour "acheter" Loïc Rémy et lui font signer un contrat de 5 ans pour un transfert à 15 Millions d’euros, sans attendre les résultats d’examens médicaux complémentaires demandés par le médecin. Une anomalie cardiaque est décelée, la carrière du joueur devient incertaine, André-Pierre Gignac est recruté en catastrophe pour 18 Millions d’euros.

  • Cyril Rool - En fin de saison 2010 : les instances dirigeantes du club voulaient engager une procédure de licenciement pour faute grave parce que le défenseur ne venait plus aux entraînements. Jean-Luc Barresi son agent intervient, l’OM verse une indemnité de rupture de 913.000 euros brut. Au cours de l’année 2010, l’ancien Niçois n’a joué que deux matches en un an. Selon les policier, Rool a coûté 1 409.000 euros par match joué.
Dans l’information judiciaire, les policiers de la Brigade financière de la Direction Centrale de la PJ relèvent que des proches de Jean-Luc Barresi ont servi de paravent, le tout organisé par José Anigo qui souhaitait que le nom de "Mr Barresi n’apparaisse nulle part officiellement" notamment pour les transferts de Stéphane MBia, Loïc Rémy et Vitorino Hilton. Jean-Luc Barresi aurait perçu de l’argent pour l’arrivée de Souleymane Diawara et Morgan Amalfitano.

Ils constatent que certains proches de Jean-Luc Barresi ont illégalement exercé la profession d’agent de joueurs.

Par ailleurs, les enquêteurs s’intéressent aux "libéralités de l’OM aux associations de supporters". Ce système mis en place dans les années 1980-1990 entraînerait, pour l’Olympique de Marseille, un manque à gagner de 900.000 euros.
Depuis l'ouverture de l'information judiciaire ouverte en 2011 - Les chiffres :

3 perquisitions, des centaines de documents et de données informatiques saisis
- le 11 juillet 2012 à la Fédération Française de Football et à la Ligue de Football Professionnel.
- le 16 janvier 2013 au siège du club.

60 personnes, et 110 sociétés ont fait l’objet d’investigations financières poussées.
L’environnement judiciaire, fiscal juridique, social, bancaire, et téléphonique des dirigeants de l’Olympique de Marseille, de joueurs et d’agents sportifs, passés au crible.

740 comptes bancaires épluchés sur la période de janvier 2007 à mai 2014.
18 arrivées et/ou départ de joueurs examinés à la loupe dont Mamadou Niang, Loïc Rémy, André-Pierre Gignac ou Lucho Gonzales.
674.254 €uros saisis

2 vagues de gardes à vue :
- 14 novembre 2014 les anciens et actuels dirigeants de l’OM plusieurs membres des services administratifs et financiers ainsi que l’avocat.
- 20 janvier 2015 Des agents de joueurs dont Jean-Luc Barresi et José Anigo ancien entraîneur et directeur sportif
1 mise ne examen, le 16 septembre 2015 de Jean-Claude Dassier Président du club de juin 2009 à juin 2011
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