L'Association de Défense Environnementale du Nord-Isère vient d'apprendre l'abandon du projet d'usine de méthanisation agricole et industrielle prévue sur le territoire de la commune d’Anthon (Isère). Pour autant, ses membres demeurent vigilants.
C'est par un simple courrier envoyé aux opposants que le porteur de projet, "la SAS Saint-Louis Energies", a annoncé l'arrêt de l'exploitation d'une installation de méthanisation de 40.000 m2.
Rappelons-le, la méthanisation (encore appelée digestion ou fermentation anaérobie) est un procédé biologique naturel de dégradation de la matière organique par des bactéries, en l'absence d'oxygène. A terme, cela permet de produire une énergie renouvelable, le biogaz, et un fertilisant, le digestat.
Ce qui inquiétait les adversaires du projet, c'était avant tout la composition des déchets promis à un traitement sur le site. A 50% il devait s'agir d'effluents d'élevage (fumiers et lisiers...), pour le reste on parlait de déchets ménagers voire industriels (en provenance de l'industrie papetière notamment), avec aussi des boues issues des stations d'épuration de l'Isère, de la Loire et des Savoie. L'Association de Défense Environnementale du Nord-Isère imaginait alors la production d'un fertilisant "suspect" chargé de plastique, en raison des emballages. Un digestat appelé à être épandu sur une zone allant de Pérouges (Ain) au Nord-Isère.
Les riverains redoutaient aussi le trafic important avec près de 100 véhicules par jour. Sans parler des nuisances olfactives générées par les eaux de lessivage.
Bref, un projet combattu depuis une bonne année et une victoire à la clef.
Pour autant, à l'issue de cette première victoire, l'ADENI dit rester sur le "qui-vive". Elle se demande comment le porteur de projet pourrait abandonner alors qu'il a beaucoup investi.
En attendant, elle souhaite faire toute la clarté sur les conditions d'exploitation de la plateforme de compostage située à proximité du site où l'unité de méthanisation devait être créée. L'association dit en effet constater "une dérive de la qualité des déchets traités qui n'ont plus rien à voir avec des déchets verts".
Quant au porteur du projet Pierre Jargot Président de SAS Saint Louis Energie, il déplore le syndrome "pas chez moi mais chez le voisin, tout le monde dit que c'est bien ce procédé de méthanisation mais personne n'en veut à sa porte". Pour lui, cette défiance "c'est comme il y a 30 ans,avec les stations d'épuration, les autoroutes". Pierre Jargot ne baisse cependant pas les bras et entend redéposer en 2016 un projet plus petit.