Les chutes de neige et leurs conséquences dans la Manche amènent les élus à s'interroger sur les risques qui pourraient peser sur les sites nucléaires en cas d'intempéries paralysantes.
Des maires de la Manche ont douté vendredi de la capacité des secours et des industriels à faire face à un accident nucléaire en cas de fortes intempéries, évoquant un risque comparable à celui d'un "tsunami", après les chutes de neige qui ont paralysé le département à la mi-mars.
"Le blizzard, notre Tsunami local ?"
"Le blizzard, notre tsunami local? Gardons-nous de voir la paille dans l'oeil du voisin et ne pas voir la poutre dans le nôtre. Restons vigilants", a averti Patrick Fauchon, maire (PS) de Flamanville, commune qui abrite une centrale nucléaire et où est en construction le premier réacteur EPR français, dans une allusion à la catastrophe de Fukushima.
En raison des fortes chutes de neige et des forts vents qui avaient frappé le Cotentin durant la semaine du 11 mars, beaucoup de routes, dont des axes clés d'intervention en cas d'incident à la centrale nucléaire de sa commune, étaient restées plusieurs jours "impraticables", rappelle l'élu dans un communiqué publié en marge d'une commission locale d'information (CLI, qui réunit élus, industriels et écologistes) sur l'usine Areva de Beaumont-Hague, autre site nucléaire, situé à 23 km de Flamanville.
A l'heure où les élus manchois travaillent à tirer des leçons de Fukushima, plusieurs membres de cette CLI se sont montrés préoccupés par la neige. Durant la semaine du 11 mars, de nombreux foyers manchois s'étaient ainsi retrouvés coupés du monde, ont-ils souligné.
"C'est inadmissible, je me suis retrouvée sans téléphone, ni électricité. Même la radio ne captait pas. Durant deux jours, je n'ai pu joindre ni gendarmerie ni préfecture. Il aurait pu se produire n'importe quoi", a déclaré vendredi à l'AFP Odile Thominet, maire UMP de Surtainville, située à 11 km de Flamanville et 28 km de Beaumont-Hague.
En outre, sur le site même d'Areva, "il y a eu des salles de repli difficile, voire impossible d'accès" pour les salariés, s'est de son côté inquiété Yann Perotte, délégué syndical FO.
Impossible de mobiliser le personnel, selon l'ASN
A Flamanville, la centrale exploitée par EDF avait déclaré un incident de niveau 0 à la suite de l'épisode neigeux, car, en cas de problème, "elle n'aurait probablement pas été en mesure de gréer (mobiliser, ndlr) le personnel dont elle aurait eu besoin dans les temps imposés", selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), une partie du personnel habitant à plusieurs kilomètres.
Durant cet épisode, le département a été recouvert de 80 cm de neige en moyenne avec des congères de plusieurs mètres de haut.