Littérature : le romancier islandais Arnaldur Indridason fait salle comble à Caen

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C'est l'auteur de polars le plus connu d'Islande : Arnaldur Indridason est reçu cette année au festival Les Boréales, dédié aux cultures des pays nordiques. 

Le romancier islandais Arnaldur Indridason est un auteur populaire, chez lui en Islande mais aussi en France. Il compte parmi ces auteurs qui attirent les foules. Samedi, à l'heure du déjeuner, plusieurs centaines de personnes se sont déplacées pour l'écouter dans la salle de l'auditorium du musée des Beaux-Arts de Caen, à l'occasion du festival Les Boréales.

"J'aime son héro; il est attachant, confie Laurence, alors qu'elle fait la queue à l'entrée du musée. J'aime aussi beaucoup la manière dont il retranscrit le climat hostile de l'Islande."

Comme elle, plusieurs lecteurs d'Indridason racontent avoir été séduits par la manière dont l'auteur restitue les ambiances de son pays : le froid et "cette nature aride".

"J'aime presque plus les descriptions des paysages que les aventures elles-mêmes (de son inspecteur, Erlendur). J'y ai retrouvé l'Islande telle que j'ai pu la voir lors de mes voyages là-bas", raconte Alain, un lecteur de Caen.

Pascal, lui, explique avoir d'abord été conquis le ton de l'auteur. "Indridason, c'est très léger comme écriture. Je suis fan de l'auteur et de romans policiers en général." Et puis, comme pour beaucoup d'autres lecteurs, à nouveau, c'est cette "atmosphère du nord islandais" qui revient.
Dans la salle, face à eux, se tient l'auteur. Grand gaillard, crâne rasé, tout de noir vêtu, la voix douce et le regard attentif, répond aux questions de notre consoeur, Aurélie Misery, qui anime la discussion. Il est à la fois question de polars, un genre jusqu'à récemment très peu prisé des Islandais, de l'histoire, de cette ambiance de guerre froide dans laquelle l'auteur a grandi, de l'influence du père, le romancier Indriði G. Þorsteinsson, de son héro, Erlendur. Le traducteur de ses romans, Eric Boury, est à ses côtés, et traduit ses propos.

L'auteur a refusé toutes interviews. Nous vous proposons quelques extraits issus de la discussion.

Le déclic pour l'écriture de polars

"J'ai eu une idée, tout simplement : un homme est interné dans un asile psychiatrique et décide de se suicider et se jette d'une fenêtre du deuxième étage. En fait, cet homme dans "Fils de la poussière" (pas encore traduit en France) fait partie d'un groupe de garçons qui a fait l'objet d'expérimentations médicamenteuses illégales. J'avais l'idée en tête depuis longtemps et à un moment donné, on se dit soit on le fait, soit on abandonne."

Le polar, un genre d'abord peu prisé des Islandais

"A l'époque de mon premier roman, les Islandais ne considéraient pas le polar comme relevant de la littérature. C'était considéré 'comme de la merde'. L'Islande était beaucoup plus isolée à l'époque qu'elle ne l'est aujourd'hui. On considérait qu'il ne se produisait aucun évènement en Islande qui justifie que l'on écrive un roman policier. Maintenant, au contraire, on considère que c'est un véritable genre. (On sait reconnaître) les évènements qui ont leur place dans un roman policier. (...) Je veux que mes histoires soient réalistes, que l'on y croit. Parce que le lecteur islandais ne (prend rien pour acquis), il ne croit rien. Il doit considérer que c'est crédible pour y croire."

Sa passion pour l'histoire

"Je me suis toujours intéressé à l'histoire. Quand je suis allé à l'université, c'était pour étudier l'histoire. Je suis passionné par ce qui s'est passé dans le passé. (...) La guerre froide (au coeur d'un de ses romans, NDLR), pour nous en Islande, a été une période difficile. L'Islande est à mi-chemin entre les Etats-Unis et la Russie, au milieu de l'Atlantique. Les Etats-Unis avaient une base militaire pour renforcer leur position stratégique dans ce jeu d'échec. Il y a eu beaucoup de dissentions en Islande, des divisions qui ont marqué la population."
(...)
"Ce dont je me rappelle (quand j'étais plus jeune), c'est de ce danger qui planait comme une ombre noire : la bombe! Cette idée que le monde pouvait être détruit par une bombe atomique. C'était une sorte d'épée de Damoclès au dessus de nos têtes. On entendait parler de gens dans des ambassades, des Russes, des Américains, que l'on expulsait parfois. Et nous, on était au milieu." 
(...)
"Certains voulaient que l'on participe à la défense du monde occidental, d'autres étaient contre. (...) Il faut s'imaginer un petit pays qui récupère son indépendance en 1944 et qui en 1949 traverse cette guerre froide, qui se retrouve méler à ça!"

La rencontre s'est terminée par une séance de dédicaces dans le hall du musée.
Reportage d'Emilien David, Jean-Michel Guillaud et Joffrey Ledoyen. ©France 3 Normandie

 

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