Les retraités étaient dans la rue ce mercredi : dorénavant, les retraites de plus de 1200 euros seront assujetties au prélèvement de la CSG. Ceux que nous avons rencontrés gagnent moins de 1000 euros. Témoignages bruts.
René et Maryse Perrot habitent à Dammartin-les-Templiers, près de Nancray, sur le premier plateau. Ils étaient agriculteurs.
Ils ne se plaignent pas. Ils ont chacun un peu plus de 800 euros de pension de retraite par mois. René est âgé de 84 ans, Maryse a 10 ans de moins. Avec leurs deux pensions de retraite, ils " se débrouillent". Des poules et des lapins viennent compléter l'ordinaire. Leur maison, "c'est de mes mains que je l'ai construite" raconte, fièrement René. "C'est toujours un loyer à ne pas sortir".
Eux, ils plaignent les veuves de paysans. La plupart d'entre elles n'a pas cotisé alors qu'elles travaillaient à la ferme, comme leurs maris. Voire davantage selon René car elles avaient en plus "le ménage, les repas, les enfants..." Alors, à la mort de leurs conjoints, elles ne perçoivent que la moitié de leurs pensions.
Moins de 300 euros par mois pour vivre
Annie Bouvier, divorcée, vit seule dans son appartement dans le quartier des Clairs Soleils à Besançon. Elle a été vendeuse, dès l'âge de 14 ans, ouvrière chez Alstom à Belfort, femme de ménage au collège Lumière à Besançon. Cet appartement de 50 m2, elle l'a acheté il y a une quinzaine d'années. Elle continue de le rembourser, comme elle rembourse aussi, tous les mois, les dettes qu'elle avait contractées. Au total, elle a 700 euros de charges incompressibles et deux pensions de retraite : l'une de 850 euros, l'autre de 150. Il lui reste moins de 300 euros chaque mois pour vivre.
Bien sûr, elle rencontre des difficultés pour se nourrir, se chauffer ou mettre de l'essence dans sa voiture. Changer une paire de lunettes est un exploit. Et les loisirs, elle n'en parle même pas. La banque lui a conseillé de vendre son logement : "Vu le quartier, Les Clairs Soleils, il n'est même pas vendable... " Pourtant, il est entretenu et aménagé avec soin. Des meubles, de famille ou chinés, sont restaurés et blanchis, des napperons et de la dentelle, des vieilles théières à fleurs sont disposés dans le salon et la salle à manger... Elle prend soin de cet appartement, comme elle prend soin d'elle, aussi. Certains l'ont même traitée de "bourge" car ils ne croyaient pas qu'elle avait si peu d'argent pour vivre et être aussi pimpante...
Annie Bouvier est bénévole au Secours Populaire. Avec une ancienne coiffeuse, elle y a même installé un petit salon de coiffure : seulement 1 euro, la coupe.
Elle avoue ne pas avoir toujours le moral. Mais elle se bat. Même si elle ne souhaite pas vivre avec si peu de revenus jusqu'à 80 ans. Elle s'inquiète également si jamais elle doit "aller en maison de retraite..."
Voici le reportage avec René et Maryse Perrot et Annie Bouvier :
L'interview d'Annie Bouvier, qui vit avec moins de 300 euros par mois :