Les jeux de rôle grandeur nature, sorte de fiction réelle

C'est un hobby en plein développement. Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de personnes s'essaient à des "jeux de rôle grandeur nature". Objectifs : s'amuser et retomber (un peu aussi) en enfance...

Elle a tout juste un an, et elle a eu, ce week-end, une couverture médiatique dont elle se serait sans doute bien passée. L'association "Les mines de la Moryah" voulait redonner vie, le temps d'un jeu en plein air, à cette ancienne champignonnière située à Langeais (Indre-et-Loire). Mais ce samedi, vers 21h30, les lieux ont dû être évacués à cause d'une intoxication au monoxyde de carbone sans doute "causée par les groupes électrogènes, mais on n'est pas encore certain", avance Marc Jacquemet, le chargé de communication de l'association.

Plus de peur que de mal (les 220 participants ont pu rentrer chez eux dès le lendemain), mais une situation qui restera sans doute en mémoire car elle ne faisait pas vraiment partie du scenario...

Du "théâtre d'improvisation"

Venus d'un peu partout en France, mais aussi de Belgique, ces hommes et femmes étaient à Langeais pour participer à un jeu de rôle grandeur nature (GN) inspiré du jeu vidéo Fallout. Le pitch : plongés dans un monde post-guerre apocalyptique, chaque personnage doit tenter de survivre au sein d'un scenario préparé en amont. "C'est du théâtre d'improvisation", continue Marc Jacquemet, "on leur décrit comment jouer leur personnage et chacun choisit ensuite ses propres répliques".
Pour ce jeu au coeur même d'une ancienne champignonnière de 4Ha, pas moins d'une vingtaine de personnes ont été mobilisées pendant deux ans pour organiser l'événement. Sur place, les organisateurs prennent en charge nourriture et boissons.
Objectif ? S'amuser : "Notre personnage a des objectifs (par exemple, un maire qui doit se faire élire) mais ce n’est pas forcément un but en soi. Les personnages peuvent avoir un tas de bricoles, voire mourir ! Le but est de passer un bon moment. C’est une activité qui a la particularité d’être reposant sur le plan mental", assure Marc Jacquemet. Une fois leur personnage connu, les participants ont ensuite carte blanche pour concevoir ou acheter leur déguisement et leurs armes factices éventuelles. Comptez entre 50 et 100€ de participation aux frais par personne pour un week-end.

Jusqu'à 100.000 pratiquants en France

En France, ce hobby passionne plusieurs milliers de personnes depuis une trentaine d'années. Selon la Fédération des jeux de rôle grandeur nature, l'activité rassemblerait 25.000 adeptes (3 à 4 jeux par an), voire jusqu'à 100.000 si on prend en compte les pratiquants occasionnels. Et il en existe pour tous les goûts (de la préhistoire à Star Wars, avec une prépondérance pour l'univers médiéval) et toutes les tailles (du murder party de quelques personnes le temps d'une soirée à un rassemblement de 1.500 joueurs pendant plusieurs jours).
Cette plongée dans un univers parallèle attire davantage les hommes que les femmes, avec une moyenne d'âge de 31 ans (selon une étude réalisée en 2013 par la FédéGN et consultable ci-dessous). Mais l'initiation peut commencer très tôt : ce week-end, à Langeais, les plus jeunes -les seuls mineurs- avaient 4, 6 et 15 ans.

Etude sur les participants réalisée en 2013 par la FédéGN

 

Une réunion avec les autorités prévue dans les prochains jours
Initialement, l'association créée il y a un an souhaitait redonner vie à ces 4Ha de souterrains en organisant régulièrement des manifestations (jeu de rôle, mais aussi de la danse, de l'airsoft...). Avec pour projet, à terme, d'acheter ces lieux qu'elle loue à des propriétaires privés. Mais l'intoxication de ce week-end et la fermeture des lieux par mesure de sécurité mettent en stand-by ces ambitions. Déjà, "Les mines de la Moryah" avait fait des travaux de sécurité et installé un dispositif de lumières dans les lieux suite à une campagne de crowdfunding.
Dans les prochains jours, une réunion avec la préfecture, la mairie de Langeais, les pompiers et l'association dira si de futurs rassemblements (et donc de la survie ou non de l'association) pourront de nouveau être organisés.
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