Pierre-Thomas Fili, militant nationaliste corse, a été condamné ce mardi à sept ans de prison pour avoir confectionné des engins explosifs utilisés lors d'un attentat à la voiture piégée contre la gendarmerie de Vescovato, en Haute-Corse, en 2009 et de deux autres tentatives d'attentat.
La cour d'assises spéciale de Paris a reconnu Pierre-Thomas Fili, 29 ans, coupable d'avoir confectionné les engins, son ADN ayant été retrouvé sur du scotch et du papier absorbant ayant servi à leur réalisation. Elle l'a par contre relaxé d'autres chefs d'accusation, son implication directe dans la réalisation des attaques n'ayant pu être démontrée. Il a été condamné à sept ans de prison.
L'accusé, qui comparaissait libre, a été incarcéré, mais devrait pouvoir rapidement faire une demande d'aménagement de peine, ayant déjà effectué trois ans et demi de détention préventive. Le parquet général, qui avait requis douze ans d'emprisonnement, dispose toutefois de la possibilité de faire appel.
Pierre-Thomas Fili était poursuivi pour un attentat en juillet 2009 contre la gendarmerie de Vescovato, en Haute-Corse, qui avait fait des dégâts matériels, mais aussi pour une tentative d'attentat contre la délégation militaire départementale de Bastia en novembre 2008 et une autre contre le véhicule personnel d'un policier de la brigade anti-terroriste de la police judiciaire de Bastia en novembre 2009. Les deux derniers engins avaient fait long feu.
Le jeune homme a nié les faits
Le jeune homme, qui reconnaît un engagement dans le mouvement nationaliste U Rinovu, s'est dit totalement opposé à la violence et aux attentats et nie depuis le début toute implication. Electricien, il estime que son matériel a pu être trouvé ou volé puis utilisé par les auteurs pour confectionner leurs engins.
Les enquêteurs avaient été mis sur la piste de son groupe par une lettre anonyme. Rien n'a pu être retenu contre d'autres personnes interpellées dans cette affaire, une ayant été mise en examen avant de bénéficier d'un non-lieu.
Les actions contre la gendarmerie et la délégation militaire avaient été revendiqués par le FLNC.
"Gravité des faits"
Soulignant la "gravité des faits" et estimant "miraculeux" qu'il n'y ait pas eu de victimes, l'avocat général Philippe Courroye avait balayé la défense du jeune
homme, décrit comme embarqué "dans un itinéraire classique de dérive nationaliste radicale". Dénonçant "une atteinte inadmissible à la société française tout entière", il avait demandé à la cour, composée uniquement de magistrats professionnels comme c'est possible en matière de terrorisme, "une réponse ferme et inébranlable".
La défense avait au contraire plaidé l'acquittement, faute de certitudes. "Où, quand, comment, qu'a-t-il fait comme actes ? L'ADN ne dit rien de cela, l'ADN c'est bête," avait martelé Me Jacques Tremolet de Villers. Son confère David-Olivier Kaminski avait lui aussi dénoncé le manque de "traçabilité" de l'ADN et une accusation procédant par "amalgames". "Parce qu'on est proche d'U Rinovu, on peut être terroriste, alors que ce mouvement n'a jamais été interdit".