En terme de production biologique, la Corse se situe à la cinquième place des régions françaises avec 6,33 % des surfaces agricoles. Les agriculteurs bio, qui doivent respecter un cahier des charges et ne pas utiliser de produits chimiques, estiment que malgré des progrès ils sont peu soutenus.
En Corse, la filière du bio rassemble un peu plus de 300 producteurs pour 10 000 hectares de culture. L'île est la cinquième région au classement de ce type de production.
Cultiver des légumes sans produit chimique et sans pesticide est le pari relevé Jacques Bariani, maraîcher de la plaine orientale. Tous les engrais utilisés sont naturels, issus du compost.
Il y a 8 ans, Jacques Bariani pratiquait une production conventionnelle, activité opposée à sa production totalement biologique actuelle.
"Les cultures maraîchères, qui étaient à l'époque assez consommatrices de traitement, n'étaient plus compatibles avec ma vision de l'agriculture" explique le maraîcher.
En cultivant de manière bio, il a fait le choix d'écarter les intermédiaires pour travailler en circuits courts. "Nous avons abandonné les circuits longs et mi-longs, parce qu'ils ne sont pas là pour développer une philosophie de production et de vie mais pour développer une rentabilité immédiate alors que nous avons une vision à plus long terme de notre activité".
Un regroupement d'arboriculteurs
De plus en plus de producteurs s'orientent vers la production biologique, y trouvant plusieurs avantages."Le bio permet une meilleure valorisation de leurs produits, une meilleure reconnaissance aussi parce que l'agriculture bio est en plein essor et c'est bon pour la protection de l'environnement. On souhaite aussi donner une image positive de l'agriculture corse" indique Renaud Dumont, membres de de la coopérative de fruits ALIMEA qui compte 37 arboriculteurs.
Ils se sont regroupés à Bravone et ont mutualisé leurs moyens pour conditionner chaque année 1 200 tonnes de fruits destinées à l'exportation vers l'Europe.
Des ventes des produits biologiques chiffrées à 5 milliards d'euros sur le marché français
Les exploitants n'ont qu'un seul regret : le manque d'intérêt des pouvoirs publics. Le nouveau programme de développement rural de la Corse prévoit moins de financement pour aider les jeunes agriculteurs à s'installer en bio.
"On ne peut pas continuer à polluer comme on l'a fait jusqu'à maintenant. On a un territoire qui est magnifique, qui pourrait être bio sur son entièreté. Je pense qu'on n'aide pas assez la production bio en Corse" explique Patrick Berghman, vice-Président d'Inter Bio Corse.Pourtant ce secteur ne connaît pas la crise. En France, la demande des consommateurs bondit de 10% par an depuis 2011. Les ventes des produits biologiques se chiffrent à 5 milliards d'euros sur le marché français. 100 000 emplois ont été créés. La Corse a tout à gagner en misant sur ce mode de production.
Un dossier réalisé par Solange Graziani et Philippe Villaret.