Le Stena Carrier, un cargo battant pavillon danois empêché d'entrer au port de Marseille depuis mardi, a de nouveau dû rebrousser chemin après une nouvelle tentative samedi matin, a-t-on appris auprès du port de Marseille.
"Le cargo a fait demi-tour car il y avait encore des chaloupes à l'eau" qui l'empêchent d'entrer dans le port, a-t-on expliqué de même source. Il avait levé l'ancre vers 09h samedi pour tenter cette nouvelle entrée dans le port, selon les données du site spécialisé Marinetraffic.com.
Depuis mardi, des marins grévistes de l'ex-SNCM, passée cette semaine dans le giron du groupe corse Rocca, bloquent ce navire, lancé sur une nouvelle ligne par deux candidats malheureux à la reprise de la SNCM, et dont ils jugent qu'il leur fait une concurrence déloyale.
La justice a ordonné vendredi aux marins CGT de l'ex-SNCM de libérer les accès du port sous astreinte de 30 000 euros par infraction constatée, un jugement que le syndicat et son principal responsable Frédéric Alpozzo ont appelé à respecter. Le cargo transporte 40 remorques pleines de produits périssables et vingt remorques vides.
La nouvelle compagnie maritime, Corsica Linea, avait demandé au juge de prononcer une astreinte de 50 000 euros. Née de l'union de deux candidats malheureux à la reprise de la SNCM, Corsica Linea a ouvert le 4 janvier une ligne Bastia-Marseille, "avec toutes les autorisations qu'il faut" a précisé, en marge de l'audience, l'armateur Daniel Berrebi, l'un des associés aux côtés d'un groupement d'entrepreneurs corses, Corsica Maritima.
"La grève a été reconduite samedi matin en assemblée générale", a déclaré Frédéric Alpozzo, estimant que Corsica Linea représente une "concurrence déloyale". A l'ex-SNCM, dont le nouveau nom commercial n'est pas connu, comme à La Méridionale, les grévistes ont décidé de mettre en oeuvre "un service minimum avec un bateau de la CMN et un navire de la MCM", a précisé Frédéric Alpozzo.
"J'ai été mis en échec", a-t-il également commenté à propos du nouveau blocage de samedi matin. Il a rappelé que dès que la décision du juge des référés avait été connue vendredi, la CGT et lui-même en son nom propre avaient appelé les marins à cesser de bloquer le navire danois. "Chaque salarié est libre de ses mouvements et de ses actions", a-t-il observé.
Les marins de l'ex-SNCM et de La Méridionale - les deux compagnies se partageant à l'heure actuelle la délégation de service public (DSP) de continuité territoriale entre Corse et continent - sont en grève depuis mardi contre le lancement de cette nouvelle ligne.
Samedi matin doit avoir lieu devant la préfecture d'Ajaccio un rassemblement à l'appel de Corsica Maritima, qui a dénoncé jeudi les "gesticulations" de la CGT et les "dérobades de l'Etat".