Du fort de la Malmaison, à Chavignon, il ne reste que ces ruines, discrètes, presque oubliées. Il y a cent ans pourtant, la presse célébrait en première page sa conquête « capitale » et les officiers français posaient pour la postérité, heureux d’avoir enfin gagné.
Du 23 au 25 octobre 1917, l’offensive tant espérée emporta les défenses allemandes.
Le général Maistre l’avoue : le chemin des Dames a mauvaise réputation. Aussi, une nouvelle opération manquée produirait un effet désastreux. Alors, cette attaque limitée est soigneusement préparée : 1800 canons occupent un front de 12 kilomètres ! Deux millions 800 000 obus sont tirés avant l’assaut. Le paysage est bouleversé.
Le journaliste Paul Ginisty décrit ce « décor prodigieux d’horreur » ; « Ce ne sont même plus, comme ailleurs, des squelettes d’arbres : ils ont disparu, ils ont été engloutis. »
Quand les fantassins français se lancent à l’assaut, la première tranchée ennemie est aplatie, les Allemands se terrent dans les creutes, ces cavernes qui truffent le plateau. Ils les délogent à la grenade ou au lance-flamme. Le fort de la Malmaison est vite conquis. Les zouaves hissent le drapeau. Dans la cuvette de Laffaux, les poilus font main basse sur un trésor : 100 kilos de beurre et 200 litres de vin blanc !
Le journal de Clémenceau, « L’homme enchaîné » pavoise : « L’entrain général des troupes est merveilleux ».
Les chars ont participé au succès, et la propagande tient une comptabilité scrupuleuse : 11 157 prisonniers, dont 237 officiers, 180 canons capturés, des kilomètres gagnés. Début novembre, les Allemands se replient et abandonnent le chemin des Dames devenu intenable.
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