François Hollande s'est rendu ce matin sur le Chemin des Dames pour les 100 ans de cette bataille marquant l'échec mais aussi les sacrifices des armées françaises et le début des mutineries, l'un des épisodes de la Première Guerre mondiale les plus occultés de la mémoire collective.
Le chef de l'Etat est arrivé à 9h30 accompagné de l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, et a été rejoint par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, ainsi qu'une dizaine d'élus dont le député de l'Aisne René Dosière (PS).
"Votre présence est un aboutissement mais aussi une rupture car ce lieu a été marginalisé dans l'Histoire de France", lui a glissé Nicolas Offenstadt, historien associé aux commémorations, tout en affirmant que la venue de Lionel Jospin en 1998 avait contribué à créer "un regain d'intérêt" des Français pour cette bataille longtemps reléguée dans l'ombre.
L'ex-Premier ministre fut le premier à réhabiliter les mutins, soldats usés par un conflit interminable, jugeant qu'ils devaient "réintégrer aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale", un discours qui fait désormais l'objet d'un consensus républicain, selon l'Elysée.
Le président de la République s'est d'abord rendu sur le Plateau de Californie, un des lieux emblématiques de la bataille situé à quelques kilomètres de Craonne (prononcer: Cranne). De ce village martyr avait démarré avant l'aube une marche commentée de 5 km à laquelle ont participé environ 2.500 personnes de tous âges, selon les organisateurs.
Pour la première fois lors d'une cérémonie officielle, un choeur composé d'une cinquantaine de choristes dont des collégiens a entonné au son de l'accordéon la "Chanson de Craonne", hymne censuré par le commandement militaire et interdite jusqu'en 1974 : "Adieu la vie/Adieu l'amour/Adieu toutes les femmes/(...) C'est à Craonne, sur le plateau/qu'on doit laisser sa peau/car nous sommes tous condamnés/C'est nous les sacrifiés!"
François Hollande, dont un grand-père servit comme sergent dans l'infanterie au Chemin des Dames, a fait ensuite étape à Oulches-la-Vallée-Foulon dans la Caverne du Dragon, une grotte transformée en caserne puis en musée. Il y a inauguré "Ils n'ont pas choisi leur sépulture", une sculpture en hommage aux soldats tombés en 14-18, étreignant chaleureusement son créateur Haïm Kern.
L'artiste avait réalisé une première oeuvre similaire en 1998 mais elle avait été dérobée en août 2014 et démantelée.
Il a ensuite rejoint Cerny-en-Laonnois, où il s'est recueilli dans le cimetière militaire allemand, abritant les restes de plus de 7.500 soldats, aux côtés de l'ambassadeur d'Allemagne, Nikolaus Meyer-Landrut, avant de prononcer une allocution devant la nécropole nationale.