Merah, Kouachi, Coulibaly : beaucoup de similitudes et quelques différences

Les attentats perpétrés à Paris rappellent évidemment les épisodes sanglants de mars 2012 à Toulouse et Montauban. Si les profils des agresseurs sont différents, il y a dans leurs comportements et leurs parcours beaucoup de similitudes.

Merah, mars 2012 à Toulouse et Montauban. Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, janvier 2015 à Paris. Le parallèle est évident entre ces deux séquences terroristes qui ont traumatisé la France à presque trois ans d'écart. 

Sans volonté d'exhaustivité, nous recensons ici ce que ces terroristes avaient en commun et ce qui les différencie. Il y a plus de similitudes que de différences. 

 

  1. Un fanatisme aveugle - Pas de doute, entre Mohamed Merah et les terroristes parisiens, il y a ce point commun d'être prêt à tout, sans aucun tabou pour arriver à ses fins. Attraper un enfant dans la cour d'une école par les cheveux pour l'abattre ou achever un policier à terre d'une balle dans la tête. Ils ne reculent devant rien.
  2. Des cibles politiques - C'est un autre point commun. Les cibles choisies par les tueurs sont éminemment politiques : militaires, juifs, policiers, caricaturistes... Au point que les frères Kouachi ont dit au gérant de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële où ils étaient retranchés qu'ils ne lui feraient pas de mal car il ne les intéressait pas. 
  3. Des entraînements à l'étranger - Très vite après l'attentat de Charlie Hebdo, les policiers ont su que les auteurs des crimes étaient "professionnalisés". Maniement des armes, entraînement militaires. C'est à l'étranger que les uns et les autres, Merah et les terroristes parisiens, ont appris avant de revenir en France pour commettre leurs crimes.
  4. L'utilisation de l'image et des médias : un témoin/otage de l'épicerie de la Porte de Vincennes a affirmé que Coulibaly était muni d'une caméro GoPro sur la poitrine. Cette information n'a pas été confirmée. Merah lui avait tout filmé. Il avait su aussi, joindre des journalistes pour expliquer et revendiquer ses actes. Les frères Kouachi et Coulibaly ont répondu au téléphone aux questions de journalistes de BFM. Ce dernier a même laissé une vidéo de revendication postée sur internet par des complices après sa mort.
  5. Pas peur de leur propre mort - Non seulement ces terroristes ont en commun de ne pas avoir peur de leur propre mort. Ils savent au moment où ils commencent leur action que leur mort est inévitable. Pire, ils vont même jusqu'à la provoquer : Merah saute par le balcon de son appartement après 4 minutes de fusillade intense avec le RAID ; les frères Kouachi provoquent le GIGN et Coulibaly se lance face au RAID après l'assaut contre l'épicerie. Ainsi, ils atteignent leur but ultime : finir en martyrs.
  6. Une part d'improvisation voire d'amateurisme - Malgré les entraînements, l'arsenal militaire et la détermination, les terroristes font aussi preuve d'une certain amateurisme : un frère Kouachi oublie sa carte d'identité dans un véhicule, Merah se rend à l'appartement d'un policier pour l'abattre mais celui-ci est absent, Coulibaly ne vérifie pas que des otages sont cachés au sous-sol de l'épicerie... Il leur faut aussi improviser : c'est le cas des frères Kouachi qui n'avaient semble-t-il pas préparé leur cavale après l'attaque de Charlie Hebdo. Merah, lui aussi avait improviser : c'est un peu par hasard qu'il avait volé le scooter avec lequel il a ensuite commis les assassinats.
  7. Petite délinquance et radicalisation en prison  - Tous ces hommes (jeunes) ont un passé judiciaire lié à de la petite délinquance : vols, larçins, trafic de drogues. Et c'est au détour d'un séjour en prison qu'ils ressortent radicalisés. 
  8. Connus des services de renseignements - Qu'ils soient français ou américains, les services de renseignements avaient à un moment surveillé Mohamed Merah et les frères Kouachi. Pour autant, la surveillance n'a pas porté ses fruits. C'est là, également, un tragique point commun. 
  9. Loup solitaire ou groupe organisé - La principale différence entre ces hommes c'est que Mohamed Merah a agi seul. Il a sans doute (la justice enquête toujours) bénéficié de complicités pour préparer ses actes (notamment dans l'acquisition d'armes ou dans le vol du scooter) mais pas au moment d'exécuter ses victimes. Selon Amedy Coulibaly, ses attaques et celle des frères Kouachi et Amedy ont été coordonnées, ce que l'enquête devra d'ailleurs confirmer ou préciser. Une chose est sûre : ils avaient fait partie du même réseau islamiste, celui des Buttes-Chaumont. Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est que les frères Kouachi et la compagne de Coulibaly (aujourd'hui toujours recherchée) se sont téléphonés 500 fois en 2014. 
  10. Une émotion mondiale - Enfin, et c'est un point qui concerne moins leurs profils et leurs actions que les réactions que celles-ci ont suscitées, on note une frappante différence entre la mobilisation mondiale après les crimes de Paris et l'émotion qu'avaient suscité l'affaire Merah. Certes, les crimes de Toulouse et Montauban avaient traumatisé la région, soulevé le coeur des Français et révolté la communauté juive. Mais l'émotion n'avait pas été aussi partagée et quasi-universelle qu'en 2015. 
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