La Coordination nationale infirmière (CNI), l'un des deux syndicats de la profession, a adressé vendredi une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour l'alerter sur leurs conditions de travail après le suicide de deux infirmiers, l'un au Havre, l'autre au CHU de Toulouse.
La CNI dénonce la "non-assistance à personnels en danger ainsi que l'abandon dont fait preuve la tutelle", alors que "depuis de longs mois" elle interpelle la ministre et ses services "au sujet du mal-être des soignants qui s'amplifie dans un contexte de restrictions budgétaires".
Le syndicat déplore "la multiplication des injonctions contradictoires", "la mobilité à outrance" ainsi que la "polyvalence imposée" et des conditions de travail "de plus en plus dégradées".
"Depuis de longs mois, nous sommes dans l'attente de mesures concrètes pour faire face à l'urgence et prendre en compte ces cris d'alarme. En retour, les seuls éléments de réponse évoquent un renforcement des mutualisations de moyens et, encore et toujours, des économies à réaliser", écrit le syndicat.
Le 13 juin, un infirmier s'est suicidé au CHU de Toulouse.
L'établissement a reconnu le décès en "accident du travail par présomption d'imputabilité" en raison du fait qu'il s'est produit sur le lieu de travail.
Au Havre, une infirmière de 44 ans travaillant au service de pédiatrie néonatale de l'hôpital de la ville a mis fin à ses jours le 25 juin à son domicile. Une enquête administrative et une autre de la commission paritaire (direction et CHSCT) ont été ouvertes pour déterminer si le suicide devait être classé en accident du travail, a annoncé son employeur.
Cette seconde enquête sera "centrée sur les conditions de travail dans le service et son organisation", a précisé la direction de la communication de l'hôpital.
Les conclusions ne sont pas attendues avant la rentrée, selon la même source. "De tels événements dramatiques amènent nécessairement à s'interroger sur les difficultés d'exercice d'un métier choisi pour être au service des patients et des usagers du système de santé en faisant souvent fi de ses difficultés personnelles", a réagi de son côté l'Ordre national des infirmiers dans un communiqué.
L'Ordre prévient cependant que "nulle conclusion hâtive ne saurait être tirées quant aux motifs de ces drames" et que le moment "semblerait mal choisi pour désigner des responsables à la vindicte".