Calais : tous les mineurs de la "Jungle" sont dans des centres d'accueil

Deux jours après le démantèlement total de la "Jungle", le gouvernement a mené dans le calme mercredi l'évacuation de l'ensemble des 1.616 mineurs isolés encore présents vers des centres d'accueil dédiés disséminés en France, avant le départ jeudi des femmes et de leurs enfants.

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Peu avant 16h mercredi, les derniers de ces migrants mineurs logés dans les conteneurs du Centre d'accueil provisoire (CAP) après l'évacuation de la "Jungle" ont quitté Calais. Au total, 38 bus ont pris la route de l'un des 60 centres d'accueil et d'orientation pour mineurs (CAOMIS), pour des destinations aussi diverses que les Pyrénées-Orientales, l'Allier ou encore la Savoie. L'Etat a mené l'opération débutée vers 08H30 en une seule journée, une semaine et demie après le début de l'évacuation du plus grand bidonville de France.

Ces mineurs sauront individuellement dans les prochaines semaines si leur dossier de transfert vers le Royaume-Uni a été accepté par les autorités britanniques. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, les mineurs n'ont pas choisi le lieu de leur CAO de destination, mais pouvaient décider avec qui ils voulaient voyager et s'installer.

Le premier véhicule, avec 43 mineurs à bord, avait quitté l'enceinte du CAP pour Carcassonne et Bolquère (Pyrénées-Orientales) rapidement suivi d'autres se rendant notamment à Sainte-Marie-la-Mer (Pyrénées-Orientales) et dans l'Allier. Ces dernières semaines, 300 mineurs environ avaient pu quitter Calais pour la Grande-Bretagne avec l'accord de fonctionnaires du ministère britannique de l'Intérieur présents au CAP.

Ces départs massifs, avec deux représentants britanniques dans chaque car, se sont déroulés dans une ambiance sereine. Certains migrants semblaient pressés de monter dans les cars tandis que d'autres jouaient au foot ou faisaient de la musique pour patienter, a constaté une journaliste de l'AFP.

Quelques-uns se disaient cependant sceptiques. "On ne peut pas dire que je suis vraiment content, parce que je ne sais pas où je vais. Grande-Bretagne? Canada? France? Mais je suis quand même content de quitter la +Jungle+", a ainsi déclaré Ahmed, un Soudanais de 17 ans.

Reste désormais, à partir de jeudi selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, à évacuer les 360 à 400 femmes et leurs enfants hébergés au centre d'accueil Jules Ferry, un ancien centre aéré jouxtant l'ex-"Jungle". Le secteur sera alors totalement désert, alors que s'y entassaient encore mi-octobre 6.400 à 8.100 personnes selon les comptages. D'après les chiffres fournis par le gouvernement, 6.000 personnes ont été depuis "mises à l'abri", soit une majorité dans divers CAO répartis partout en France, et ces 1.600 mineurs du CAP.

"Situation inextricable"


Pour les pouvoirs publics, vider rapidement le CAP relevait d'un enjeu à la fois symbolique, en parachevant le démantèlement promis de ce vaste bidonville, et pratique, en supprimant un lieu vu comme un point de fixation des migrants, déjà attirés par la proximité de Calais avec les côtes britanniques. "Il n'y aura pas de réinstallation sur la lande (...) Plus personne ne pourra la rejoindre", avait martelé François Hollande mardi.

Les dossiers des mineurs, souhaitant ou non rejoindre la Grande-Bretagne, seront désormais étudiés dans les CAOMIS, avec un concours des Britanniques qui les instruiront dans des délais très courts - un maximum de trois semaines, selon Mme Buccio - et transfèreront les heureux élus dans la foulée. Reste à savoir ce que feront les "recalés" pour l'Angleterre, promis théoriquement à passer dans le giron de l'aide sociale à l'enfance.

Les premiers CAO mineurs ont ouvert la semaine dernière mais, en Meurthe-et-Moselle et Charente-Maritime, "la moitié environ des jeunes se sont déjà évaporés", assure Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile. "Ils veulent retourner à Calais", a-t-il soupiré, déplorant "une situation inextricable".

"La population mineure est une population indisciplinée, qui obéit parfois à des rumeurs, alors si certains ont quitté les CAO-mineurs c'est parce qu'ils n'avaient pas d'assurance par rapport à la présence des Britanniques", a expliqué Mme Buccio. "Nous avons enclenché ce mouvement des mineurs uniquement quand on a eu l'assurance de la présence des Britanniques", a-t-elle ajouté.
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