Certains cheminots de Lille Fives se sont illustrés pendant la seconde guerre mondiale, en sauvant de jeunes enfants juifs des griffes nazies. Des décennies plus tard, les familles des uns et des autres se sont retrouvées à l'occasion d'une cérémonie d'une grande force malgré le temps qui passe.
Ils ne s'étaient jamais rencontrés. Des rescapés et des familles de cheminots dont le destin s'est croisé il y a 74 ans, dans la gare de Lille Fives. Ce 11 septembre 1942, c'est depuis cette gare que les Allemands ont déporté vers Auschwitz près de 500 juifs de la région. Vingt-quatre cheminots français se mobilisent alors et réussissent à sauver trente-quatre personnes.
Ce 11 septembre 2016, à Lille, cinq rescapés de l'époque et leurs descendants sont venus rendre hommage à leurs sauveurs.
La mobilisation de 24 cheminots qui permit de sauver 34 personnes
"Votre grand-père a sauvé ma mère. C'était une vie sauvée et maintenant nous sommes six enfants", lâche pleine d'émotion la fille d'une rescapée au petit-fils du sauveur de sa maman. Avec les siens, ils sont venus spécialement d'Israël. Ils ont appris il y a quelques semaines seulement le nom de celui qui arraché leur mère des griffes nazies lorsqu'elle avait 6 ans."Ma mère, tout ce qu'elle voulait c'était de savoir qu'il l'a sauvé. Avec ma sœur, on ne serait pas là si ces cheminots n'avait pas fait "leur devoir", témoigne-t-elle.
"si vous voulez vous échapper, je peux vous aider"
"C'est plus que des retrouvailles, c'est une émotion telle que j'ai du mal à résister", confiede son côté Jacques Stulzaft, un rescapé de ce 11 septembre 1942."Marcel Hoffmann lui a dit : si vous voulez vous échapper, je peux vous aider. Moi qui suis née après la guerre, il m'a permis de vivre moi, mon fils, mes petits-enfants. C'est une émotion incroyable,". Jacqueline Mandelbaum, fille de rescapée se trouve pour la première fois devant ce Marcel Hofmann à qui sa famille doit la vie. Celui qui était autrefois cheminot n'a pourtant jamais raconté cette histoire à ses enfants. Seuls certains juifs rescapés étaient au courant.
Quatre ans de recherche d'un historien local
Il aura fallu quatre ans de recherche à Grégory Celerse, historien local, pour retrouver les différents protagonistes. "Pratiquement personne n'avait entendu parler de ces cheminots. Il a fallu croiser toutes les sources existantes, toutes les archives. On a retrouvé des rescapés en Israël, aux États-Unis, au Canada", relate l'auteur de ces incroyables retrouvailles.Les noms des uns et des autres sont désormais gravés sur cette plaque. Un hommage enfin rendu 74 ans plus tard.