L'Institut du monde arabe (IMA)-Tourcoing ouvre ses portes jeudi 17 novembre dans l'ancienne école de natation. Il s'agit de la première phase d'un projet plus vaste à l'horizon 2019, qui ambitionne de servir de rempart à l'islamisme.
Après une première antenne de l'Institut du monde arabe (IMA) ouverte en 2012 dans un quartier excentré de la ville, le nouveau maire Gérald Darmanin (Les Républicains) propose en 2015 un lieu en plein centre ville : l'ancienne école de natation de Tourcoing, un imposant bâtiment de brique et de pierre à la façade ornée de nombreux bossages, inauguré en 1904 et laissé à l'abandon depuis 1999.
Au bout d'un an de travaux d'un coût d'1,2 million d'euros, la première partie du bâtiment est réhabilitée, offrant 300 m2 d'exposition. "Une mise en bouche" selon le terme d'Eric Delpont, directeur de l'IMA-Tourcoing, comparée aux plus de 3 000 m2 à la fin de la phase 2 (montant prévisionnel : 10 millions d'euros) avec à la clef la transformation de l'ancien bassin.
L'imposant escalier une fois gravi sous un lustre de Marrakech, le visiteur découvre la collection permanente "Le monde arabe dans le miroir des arts" organisée autour d'un parcours thématique. Outre des dessins de Delacroix et des toiles de Fantin-Latour, on retrouve entre autres oeuvres un panneau à décor floral de Damas du XVIe, une "Maternité" du peintre égyptien Georges Bahgory ou une composition abstraite de l'Irakien Dia Azzawi.
Dans cette ville de 92 000 habitants où vit une importante communauté maghrébine, l'IMA-Tourcoing servira également de "boite à outils", avec des activités éducatives, des conférences, des spectacles et des cours, d'après M. Darmanin.
"Contre l'islamisation"
"C'est l'occasion pour les jeunes de la métropole lilloise d'apprendre l'arabe en dehors des mosquées et de lutter contre un certain communautarisme et une certaine islamisation. Cela permettra aussi de nous ouvrir sur une culture qui est aussi celle des gens du Nord : les gens du textile étaient pour beaucoup des Maghrébins qui ont marqué l'histoire de Roubaix et Tourcoing et qui méritent notre reconnaissance la plus profonde", dit M. Darmanin, petit-fils d'un harki berbère.Président de l'IMA et ancien ministre de la Culture, Jack Lang, attendu à l'inauguration jeudi, tient un discours plus consensuel. "L'IMA-Tourcoing est né d'un concept original et ambitieux : faire tomber les barrières entre les disciplines, mettre en résonance ce qui est traditionnellement épars et cloisonné, faire chatoyer les cultures arabes dans leur diversité", explique-t-il.
La prochaine exposition d'envergure concernera début 2019 les Chrétiens d'Orient, "une énorme exposition qui va raisonner avec l'actualité internationale et qui montrera que l'IMA-Tourcoing n'est pas l'institut du monde musulman mais bien l'institut du monde arabe", souligne M. Darmanin.
Il est vrai que la "filiale" tourquennoise aura "une autonomie de gestion et de programmation" vis-à-vis de la maison-mère parisienne, avec un budget de fonctionnement d'un million d'euros annuel, selon la direction.
Pour mener ce projet à bien, un groupement d'intérêt public (GIP) a été créé avec la région Hauts-de-France, la Métropole européenne de Lille (MEL), les villes de Tourcoing et Roubaix ainsi que l'IMA. Le partenariat s'est lui étendu avec des prêts venant des musées du Louvre et Delacroix.
Cette antenne d'un grand musée parisien en province suit également le mouvement esquissé par le Pompidou-Metz en 2010 et le Louvre-Lens en 2012. Son installation dans une ancienne école de natation fait, lui, écho à La Piscine de Roubaix, un musée autour du bassin art-déco dont le succès (plus de 200.000 visiteurs par an) doit conduire à une extension de son espace de collection.