Fort de sondages flatteurs, Emmanuel Macron poursuit jeudi sa campagne à Bordeaux, le fief d'Alain Juppé. Et malgré quelques désagréments comme le vandalisme de la Médoquine (Talence) où il doit se produire, il compte bien rabattre vers lui les électeurs juppéistes déboussolés par l'affaire Fillon.
La renonciation définitive d'Alain Juppé lundi à se présenter en "plan B" d'un François Fillon pris dans l'affaire des emplois présumés fictifs du "Penelopegate" a laissé ouvert un espace au centre dans lequel le candidat d'En
Marche! espère s'engouffrer.
L'ancien ministre de l'Economie, qui a enregistré mercredi un ralliement de poids à gauche en la personne de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, tient un meeting en début de soirée à Talence près de Bordeaux.
La salle où doit se tenir la réunion publique a été vandalisée dans la nuit de mercredi à jeudi, avec d'importants bris de glace et des tags hostiles, plutôt marqués à l'extrême-gauche: "Macron, fallait pas l'inviter", "#Révolution en marche", "soyons ingouvernables".
S'il était prévu avant la renonciation définitive d'Alain Juppé, ce déplacement tombe à pic pour labourer les terres orphelines du maire de Bordeaux.
Vendredi matin, Emmanuel Macron sera encore à Bordeaux aux Olympiades de l'apprentissage, sorte de concours de jeunes futurs professionnels.
Comme il l'avait déjà fait samedi à Caen, Emmanuel Macron a renouvelé cette semaine son appel aux sympathisants juppéistes et de centre droit.
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"Les juppéistes on en a déjà beaucoup. S'il y en a d'autres qui veulent venir, on a rien contre", affirme un membre du premier cercle macronien.
Quant aux cadres, "on leur parle, ils ont bien compris qu'ils s'étaient fait purger" de la campagne de François Fillon, poursuit le même.
En tête dès le premier tour
Selon un sondage Harris Interactive publié jeudi matin, - Emmanuel Macron passe en tête des intentions de vote au premier tour, en gagnant six points en deux semaines pour atteindre 26%.
- Il devance dans les intentions de vote la candidate du FN Marine Le Pen (25%, stable)
- puis François Fillon (20%, -1 point) selon ce sondage réalisé pour France Télévisions.
Au second tour, l'ex-ministre de l'Economie l'emporterait largement sur la présidente du Front national, avec 65% des voix (+5%) contre 35% (-5%).
A quand les cadres de campagne ?
Pour l'heure, le seul ralliement juppéiste officiel se résume à l'élue régionale des Yvelines LR Aurore Bergé. Mais plusieurs membres de l'équipe de campagne d'Alain Juppé sont "en cours de transfert", même s'il ne s'agit pas pour l'heure de poids lourds, selon des sources concordantes au sein de l'équipe Macron.Sens commun, le mouvement chrétien-conservateur issu de la Manif pour tous qui soutient M. Fillon, "a fait de l'entrisme méthodique au sein des Républicains. A partir de là, je savais que la ligne d'Alain Juppé allait perdre tous les arbitrages programmatiques et d'investitures. Cela ne nous permettait plus de peser sur la ligne du parti", justifie un juppéiste récemment rallié.
Après le ralliement de Bertrand Delanoë, figure populaire du centre-gauche, l'équipe Macron espère engranger d'autres soutiens, comme celui de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, l'ex-ministre centriste Jean-Louis Borloo ou encore celui du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Dans une interview au Parisien, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a de nouveau appelé les socialistes "tentés par Macron" à "garder leur sang-froid".
Tandis que Bernard Cazeneuve a rendu visite jeudi au QG du candidat socialiste Benoît Hamon, fragilisé par les doutes de certains hiérarques PS. Le premier ministre sera lui aussi à Bordeaux en fin de journée, pour un discours sur la justice, puis une cérémonie de signature de financements publics à laquelle doit aussi participer... Alain Juppé.