"Fuite en avant" pour le maire de Perpignan, ou au contraire "rêve fou qui se réalise" pour des militants catalans : de ce côté de la frontière, la déclaration d’indépendance de la Catalogne ne manque pas de faire réagir.
C’est une journée historique pour la Catalogne. Le Parlement catalan a voté pour l’indépendance de la région, ce qui a donné lieu à des scènes de liesse à Barcelone. Mais côté français aussi, la joie est grande.
"C’est une immense satisfaction", commente Peré Manzanares, du mouvement pro-indépendance Omnium. "C’est un rêve fou qui se réalise". Le militant reste toutefois lucide : "Il faut garder la tête froide, car rien n’est acquis."
Le Sénat espagnol a en effet, moins d’une heure après le vote du parlement catalan, voté de son côté pour la mise sous tutelle de la Catalogne, comme le souhaite le Premier ministre Mariano Rajoy.
"La seule voie d’issue va être une résistance populaire, pacifique mais déterminée", juge Peré Manzanares.
C’est une guerre d’usure qui va démarrer. Elle va être longue, mais ce qui est sûr c’est que rien ne sera plus jamais comme avant avec cette déclaration.
Prêts à accueillir Carles Puigdemont
De son côté, Robert Casanovas, président du Comité pour l’Autodétermination de la Catalogne Nord, se réjouit également. "On attendait cela depuis très longtemps, ça n’a pas été évident."
Lui aussi craint les conséquences de l’utilisation de l’article 155. Par exemple, l’éventuelle arrestation du président régional Carles Puigdemont. Aussi renouvelle-t-il à ce dernier sa proposition de l’accueillir dans les Pyrénées-Orientales : "Il y a ici une maison toute équipée pour lui."
"A court terme, la situation va être compliquée, estime Robert Casanovas. La transition va très certainement être délicate. Mais nous sommes optimistes parce que de toute façon il serait difficile de revenir en arrière maintenant." Pour lui, rapidement, certains pays comme la Russie pourraient reconnaître la Catalogne. "Après la Russie, d’autres pays suivront."
Pour le maire de Perpignan, "une fuite en avant"
Pour Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, le vote du Parlement catalan est en revanche une "fuite en avant", qui l' "inquiète". "On est dans une situation de non-droit", déplore-t-il. "Or le droit doit prévaloir dans les situations conflictuelles".
Il faut régler le problème dans le cadre des lois, qui ont été approuvées à l'époque par les Catalans.
Comme avant le vote du Parlement, Jean-Marc Pujol en appelle à une médiation, "nécessaire" entre les indépendantistes catalans et le gouvernement espagnol.
Pour Carole Delga, présidente de la région Occitanie, "une situation de blocage"
Ce samedi, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a aussi réagi : "Notre Région, par sa géographie et son histoire, possède une histoire particulière avec l’Espagne, et nous avons depuis des décennies des rapports étroits avec notre voisine la Catalogne, dans le cadre de l’Eurorégion."
Et d'ajouter : "Face à cette situation de blocage, je veux insister sur la nécessité de retrouver dans les meilleurs délais le chemin du dialogue afin notamment de garantir la paix civile. C’est la responsabilité historique de messieurs Rajoy et Puigdemont"
Après plusieurs jours de suspense, le Parlement catalan a voté ce vendredi 27 octobre pour l'indépendance de la région. Dans le même temps ou presque, le Sénat espagnol a de son côté voté la mise sous tutelle de la région.
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