Huit employés du conseil général de Seine-Saint-Denis, sont placées en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur une vaste escroquerie aux allocations handicap et vieillesse.
Seize personnes, dont huit employés du conseil général de Seine-Saint-Denis, ont été placées en garde à vue mardi 6 janvier 2015, dans le cadre d'une enquête sur une vaste escroquerie aux allocations handicap et vieillesse, découverte au printemps 2014 par le département.
Soupçonnés d'avoir monté de faux dossiers de personnes âgées ou handicapées pour percevoir des prestations sociales, ces personnes ont été interpellées mardi matin et placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
Une enquête préliminaire pour "escroquerie", "abus de confiance" et "accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données" avait été ouverte au printemps 2014 à la suite d'une plainte déposée par le conseil général du 93. La fraude, qui a duré plus de 10 ans, avait été mise au jour lors d'un audit interne des services du département, réalisé entre novembre 2013 et mars 2014. Selon le conseil général, au moins 2,35 millions d'euros d'allocations pour les handicapés et les personnes dépendantes avaient été versés frauduleusement ces trois dernières années et environ 70 personnes auraient bénéficié de ces allocations indues.
"C'est la suite de l'enquête ouverte après notre dépôt de plainte. Le Conseil général avait pris ses responsabilités", selon le président socialiste du conseil général Stéphane Troussel, demandant que "la justice fasse toute la lumière sur ces faits".
Les personnes placées en garde à vue sont soupçonnées d'avoir touché près de 100.000 euros par an en prestations sociales. Huit sont des salariés du conseil général, aujourd'hui mis à pied, et les huit autres des proches qui auraient été complices de la supercherie.
Après l'enquête administrative qui avait conduit à passer au crible plusieurs milliers de dossiers, le département avait décidé d'arrêter les versements sur les dossiers supposés frauduleux et de suspendre ses agents. Les employés suspendus, qui avaient accès aux dossiers informatiques des allocataires, attribuaient des prestations à des personnes qui a priori ne devaient pas en recevoir. Un jeune de 28 ans a ainsi pu toucher chaque mois sur son compte l'allocation réservée aux personnes âgées.
Deux prestations sociales dont la gestion est déléguée par l'Etat aux départements sont concernées: l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), destinée aux personnes âgées et dépendantes, et la prestation compensatoire du handicap (PCH), normalement réservée aux personnes handicapées.
Le département a depuis "renforcé toutes les procédures de contrôle".