Lundi 10 octobre, François Fillon a tenu un meeting à Versailles. C'est une des places fortes des opposants au mariage gay. Le député de Paris, candidat à la primaire, était accompagné du président de "Sens Commun". Cela suffira-t-il pour lui permettre de rattraper son retard dans les sondages ?
François Fillon en campagne à Versailles.
Sens Commun remercié
Franchement on n'a pas envie de tomber tout de suite dans la caricature. Vous la voyez venir. Versailles, son château royal, ses écoles privées catholiques et ses opposants au mariage gay. Mais, Versailles est aussi la préfecture des Yvelines, une des fédérations les plus puissantes des LR. Il n'est donc pas anormal qu'un candidat à la primaire y fasse une halte sans être focalisé sur la loi Taubira.
Mais, François Fillon met à mal notre bonne volonté. Dès le début de son discours, il remercie "Sens Commun" pour leur soutien. "Sens Commun" est une émanation de la "Manif pour tous", qui a rejoint "Les Républicains".
"A tous ceux qui se sentent proches de cette sensibilité, je veux dire la considération et le respect que je porte et que j'ai toujours porté envers tous ces Français qui se battent en faveur de la famille", déclare le député de Paris à la tribune. "Je suis déterminé à réecrire la loi Taubira sur la question de l'adoption", ajoute-t-il sous les applaudissements nourris de la salle.
Confiance à François Fillon
Auparavant, Chritophe Billan, président de "Sens Commun" et habitant de Versailles avait eu le droit de prendre la parole à la tribune. En dernier orateur avant le candidat. Un privilège.
"Nous ne sommes pas en totale symétrie. Nous volulons que nos valeurs et nos principes se déclinent encore plus rapidement mais nous faisons confiance à François Fillon dans sa capacité à décliner en prenant acte du réel", déclare-t-il. Traduction. Fillon est un pragmatique qui défendra nos intêrets sans brusquer la société. "Nous ne pouvons pas tout bousculer. Nous savons que des personnes avec des idéologies fumeuses voudraient démonter les élements fondamentaux de la société et de la civilisation . Nous faisons confiance à François Fillon pour pouvoir porter cela de façon apaisée", poursuit Christophe Billan.
Versailles, la catholique
Voilà pour les discours officiels. Qu'en est-il des participants à ce meeting rencontrés dans la file qui attend une dédicace de son livre par François. Le soutien de "Sens Commun" est-il un élement décisif pour François Fillon ? "Oui c'est important. C'est pas plus mal tant qu'à faire", répond un parisien. "Ca permet de mettre certaines valeurs dans la conversation et au goût du jour effectivement", ajoute son épouse pour qui "la loi Taubira n'est pas une bonne chose pour la France".
"C'est une des composantes de mon soutien mais ce n'est pas la seule", tempère un habitant de Saint-Cyr l'Ecole. "Il va au-delà de ce que représente Versailles et les Versaillais", estime une autre dame. "Les valeurs familiales sont importantes à Versailles qui est une ville éminement catholique et pratiquante", explique un monsieur, la soixantaine discrètement élégante, également opposé à la loi Taubira.
Fillon, un Français sérieux
"Arrêtez de dire cela. Vous ne lui rendez pas service. Vous le droitisez", interrompt une dame. "Il est contre le mariage gay. OK. Moi, je suis pour et je suis la. Et je suis hétéro", ajoute-t-elle.
"Je me demande ce que vous faîtes tous là pour écouter un candidat qui n'a aucune chance de gagner la primaire", plaisante François Fillon à la fin de son discours. Un Fillon qui a beaucoup pratiqué l'auto-dérision discrète hier soir. "Je ne suis pas une star ou une bête de scène. Je suis un Français sérieux", conclut-il.
Rendez-vous jeudi pour le premier débat entre les candidats. Il devra y apparaître comme un candidat pour tous et pas comme celui des seuls versaillais.