Pages d'été : dix BD pour les vacances

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. Nous en avons retenu dix dans tous les styles, pour tous les âges. C’est le moment…

1. Prends soin de toi : Grégory Mardon explore les blessures de l’amour  

Jusque là tout va bien, l’avion atterrit tranquillement, le commandant de bord remercie les passagers d’avoir fait confiance à sa compagnie et puis… et puis soudain l’avion se scratche sur le tarmac.

Achille ouvre un oeil, puis le deuxième. Un mauvais rêve ! Ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais sa vie n’est pourtant pas loin de ressembler à ça. Tout allait bien et puis… et puis... sa femme décide un beau jour de le quitter.

En plein chagrin, Achille emménage dans un nouvel appartement, entame quelques travaux de rénovation et découvre sous le lino de l’entrée une lettre d’amour adressée à l’ancienne propriétaire décédée. Une lettre datée de 1976 qui aurait pu changer le cours de sa vie si toutefois elle l’avait lue.

La lettre était comme un fantôme qui m’empêchait d’emménager

Ébranlé par la découverte de cette lettre, Achille décide d’aller la remettre à son expéditeur. Direction Marseille, un petit périple d’une semaine et de plusieurs centaines de kilomètres en Vespa, de quoi prendre de la distance avec sa vie et diluer son chagrin d’amour.

Chroniqueur du quotidien comme il se définit lui-même, Grégory Mardon explore depuis une quinzaine d’années maintenant la vraie vie avec toujours autant de justesse et de finesse. "Vagues à l’âme", "Corps à corps", "Leçons de choses", "L’extravagante comédie du quotidien"…, peu à peu, tranquillement, Grégory Mardon élabore une oeuvre singulière dans laquelle les accidents de la vie, les conflits intérieurs et surtout les rapports homme-femme forment un fil rouge. Un album qui fait du bien ! (Futuropolis, 22€)


2. Banana girl : le témoignage d’une intégration chinoise au pays du camembert par Kei Lam


Elle a les yeux bridés, les cheveux noirs, un visage plat et un nom qui ne peut faire illusion, Kei Lam est chinoise d’origine mais française d’adoption. Dans ce livre paru aux éditions Steinkis, elle raconte son arrivée à Paris, son parcours d’intégration et cet héritage culturel qu’elle se devait de préserver tant bien que mal…

Jaune à l’extérieur, blanche à l’intérieur. Comme une banane ! C’est ainsi que Kei Lam se voit et se revendique. Au point de l’afficher sur la couverture de ce livre à mi-chemin entre la bande dessinée et le livre illustré.

Née à Hong Kong en 1985, Kei Lam arrive en France à l’âge de 6 ans, un séjour qui devait durer initialement quelques jours, le temps d’une visite à son père installé à Paris. Mais sur un coup de tête, toute la famille décide de rester et de s’intégrer.

À première vue, Paris m’a paru calme, triste, vieillot et silencieux comparé à Hong Kong


Paris n’est pas Hong Kong et le chemin vers l’intégration n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut apprendre la langue, trouver une école pour Kei, du travail pour les parents, un logement, se familiariser avec la gastronomie locale, se couler dans le moule de la vie locale sans oublier pour autant ses racines, sa propre culture.

Kei et ses parents découvrent le camembert, le roquefort, « Tu es sûre qu’on peut manger ça ??? », s’inquiète le père. « Quelle odeur, ça sent les pieds », réplique la mère. Kei découvre aussi l’histoire française, la politique, le quotidien des Français…

"Banana girl" raconte cette confrontation des cultures en prouvant que rien n’est incompatible, qu’on peut célébrer le Nouvel An chinois et tirer les rois, manger du gruyère râpé et adorer les raviolis crevettes à la vapeur, se soigner au baume du tigre un jour et à l’eau bénite le lendemain, apprendre à parler le français et à écrire le chinois dans un même élan, partir de pas grand chose et devenir ingénieure. Kei Lam le sera pendant quelques années avant d’intégrer l’école de Condé à Paris pour suivre des études d’illustration et obtenir un master en 2016. "Banana girl" est son premier roman graphique, pas le dernier j’espère ! (Seinkis, 17€)


3. Les vacheries des Nombrils : Delaf et Dubuc surfent sur la vague du succès

On connaissait l’humour au dessous de la ceinture, Delaf et Dubuc ont osé l’humour au niveau du nombril. 10 ans que ça dure et fait un carton auprès des ados. Aujourd’hui, les auteurs bien décidés à surfer sur la vague du succès, lancent une série parallèle avec les mêmes protagonistes, le même esprit vachard, mais plus d’histoire, uniquement une succession de gags en une page…

10 ans, 7 albums, 1,7 million d’exemplaires vendus, 415 000 fans sur Facebook, 12 000 followers sur Instagram… Les chiffres parlent d’eux-mêmes, Les Nombrils est aujourd’hui une série phare des éditions Dupuis et un véritable phénomène dans le monde de l’édition BD.

Pourtant, le concept n’a rien de révolutionnaire, trois jeunes filles, Jenny, Vicky et Karine, nous embarquent dans leur quotidien d’ados, un monde impitoyable rempli de considérations nombrilistes, de beaux gosses musclés, d’histoires d’amour impossibles, de coups bas et de méchancetés en tout genre. Mais Delaf et Dubuc, qui forment un couple dans la création comme dans la vie, ont su capter l’air du temps en instaurant dès le début un ton très libre et drôle qui dépoussière le genre. Les filles adorent (j’ai pu le vérifier!), les garçons et les parents aussi affirme la maison d’édition.

Alors, pourquoi se lancer dans une une série parallèle ? Avec "Les Vacheries des Nombrils", Delaf et Dubuc comptent renouer avec l’esprit du tout début de la série, des gags en une page libérés du carcan parfois rigide d’une l’histoire en 50 pages.


Les sept tomes des Nombrils réalisés jusqu’à aujourd’hui étaient comme un numéro d’équilibriste.


"Faire des gags tout en essayant de garder le cap sur l’histoire qu’on avait envie de raconter, c’est du sport ! Mais cela nous a permis de constater qu’avec un peu de travail, il est possible de trouver une chute humoristique à toute situation. De se retrouver, tout à coup, entièrement libres de raconter ce qu’il nous plait en ayant pour seule contrainte d’être drôles, ça fait se sentir légers ! »

Tiré d’emblée à 130 000 exemplaires, le premier volet débarque donc en librairie ce mois-ci, le 19 mai pour être précis, et devrait contenter tou(te)s les fans de la série. (Dupuis, 10,95€)

4. Constellation : réédition d’un huis-clos aérien sur fond de guerre froide signé Frederik Peeters

Tenir entre les mains un album de 300 pages à plusieurs dizaines d’euros peut rassurer certains boulimiques du neuvième art mais le bonheur peut être aussi simple que Constellation, 30 pages, 9 euros dans toutes les bonnes librairies…

On ne va pas tortiller de l’arrière train pendant longtemps, "Constellation" fait partie de ces albums qu’il faut avoir en permanence sous la main pour le relire régulièrement, un petit bijou scénaristique qu’on ne trouvait plus chez nos amis libraires sans y mettre le prix, souvent plus de 20€. Il faut dire que sa publication remonte à 2002, l’auteur Frederik Peeters venait d’obtenir la reconnaissance de la profession et du public avec l’album "Pilules bleues".

Rien à voir cependant avec l’histoire d’amour malmenée par le sida de "Pilules bleues", "Constellation" est une fiction qui se déroule en 1957, en pleine guerre froide, sur un vol Paris-New York, une histoire en forme de huis-clos savamment construit, trois chapitres, autant de points de vue de la même scène, celui de deux passagers, un soi-disant représentant en insecticide américain et une écrivaine à l’accent russe, et celui d’un steward vengeur. Simple en apparence, efficace de toute évidence ! (L’Association. 9€)


5. Soft City : une curiosité signée Pushwagner aux éditions Inculte

Je ne vous ferai pas le coup de celui qui connaît Pushwagner depuis qu’il est né. Non, son nom m’était absolument inconnu jusqu’à ce jour où mon regard a été happé par la couverture radicalement rouge et asphyxiante de Soft City. Alors, j’ai fait comme tout le monde, je suis allé voir sur internet qui pouvait bien être cet auteur et d’où sortait cet album surprenant dans le fond et dans la forme…

Pushwagner, Hariton de son prénom, Terje Brofos de son vrai nom, est un artiste contemporain norvégien, un « peintre pop » nous dit Wikipédia, qui connaît aujourd’hui un succès national, voire international. Ce qui ne fut pas toujours le cas, notamment lorsqu’il débute cette bande dessinée, Soft City, en 1969. Il met six ans à la terminer avant, dit-on, de perdre les planches. Réapparues en 2002, elles sont exposées à l’occasion de la 5e biennale d’art contemporain de Berlin en 2008, offrant à l’auteur une exposition et une reconnaissance internationale. Il faut attendre fin 2016 pour que Soft City soit finalement publié par la New York Review of Books et 2017 pour qu’il soit traduit en français par les éditions Inculte.

Ce qui a arrêté mon regard sur la couverture de Soft City, c’est aussi un nom, qui cette fois m’était familier, Chris Ware, auteur de bande dessinée américain, notamment responsable de l’extraordinaire et multi-primé "Jimmy Corrigan". Que venait-il faire dans cet album ? Signer une préface tout simplement. Il y explique notamment comment ce livre relève du miracle. « Non pas à cause de son existence… », précise-t-il, « mais de sa survie. Dessiné entre 1969 et 1975 par l’artiste Hariton Pushwagner, il est niché dans la pénombre durant des décennies. Tout le monde le croyait perdu, avant qu’un éditeur norvégien, No Coprendo, ne le refasse surgir en 2008, à la suite d’une longue dispute entre l’artiste et son ancien galeriste. Mais le miracle, plus encore, est à chercher du côté de la forme de cette oeuvre – la bande dessinée -, qui arrive à retranscrire une vision désenchantée et unique qui ne ressemble à nulle autre… »

Et c’est une évidence. Soft City est une oeuvre singulière, un récit de science fiction à la Orwell (1984) ou à la Huxley (Le Meilleur des mondes) qui nous embarque dans un univers urbain oppressant, étouffant, où le collectif a définitivement anéanti les libertés individuelles, chacun partageant une vie identique dans un environnement identique, un quotidien ramené à une revue militaire permanente, un monde déshumanisé et consumériste à l’extrême où les protagonistes parviennent tout de même à se rassurer en s’affirmant heureux et surtout en avalant au réveil la petite pilule du bonheur.

Pour le reste, Soft City, c’est du béton à en perdre l’horizon, des voitures qui saturent l’espace, des entreprises d’armement qui travaillent pour le bonheur des uns et forcément pour le malheur des autres, des supermarchés énormes, gigantesques, propices à endormir toutes velléités de changement. Soft City est une bande dessinée à caractère dystopique et, avec le recul des 40 ans, quasi-prophétique.

Mais s’agit-il vraiment d’une bande dessinée ? Pour Chris Ware, Soft City ne relève ni des beaux-arts, ni de la bande dessinée underground, « c’est une oeuvre imposante et expérimentale; un défi visuel qui touche profondément son lecteur, alors que s’insinuent dans son sillage les spectres des poésies, films et textes expérimentaux des années soixante ». Une vraie curiosité ! (Éditions Inculte. 30€)


6. Chaussette : l’histoire attendrissante d’une vieille dame et de son chien par Loïc Clément et Anne Montel

Il y a d’abord Dagobert, un bâtard pur race. Au bout de la laisse, sa maîtresse, Josette, une vieille mamie sympathique. Et dans la maison d’à côté, Merlin, un gamin qui aime bien les observer…

Je dis Josette mais on devrait plutôt l’appeler Chaussette. C’est comme ça que Merlin l’appelait quand il était petit. Et c’est toujours comme ça qu’il l’appelle affectueusement.

Chaussette et Dagobert sont inséparables. Depuis toujours. Aussi loin qu’il peut remonter dans sa mémoire, Merlin ne peut dissocier l’un de l’autre. Et tous les jours pour Dagobert et sa maîtresse, c’est la même balade, le passage au parc à 9h00 pétante, une étape chez le boucher pour récupérer des saucisses, une autre chez le libraire du coin pour regarder les couvertures des livres… puis retour à la maison.

Tous les jours la même balade jusqu’à ce matin-là. Chaussette part pour sa balade mais sans Dagobert. Et son comportement est étrange… Merlin la suit en espérant découvrir le pourquoi du comment.

Les histoires courtes sont souvent les meilleures. Celle-ci, 7 minutes chrono de lecture, est d’une infinie tendresse. On y parle de la vieillesse, de la mort, de l’absence d’un être cher mais aussi d’amitié entre une mamie et un gamin. Un très bel album réalisé par deux jeunes auteurs talentueux, Loïc Clément et Anne Montel, qui se sont déjà fait remarquer par la critique et les lecteurs avec les albums Shä & Salomé : jours de pluie (Jean-Claude Gawsewitch Éditeur) et surtout Le temps des mitaines (Didier jeunesse) qui leur a permis de concourir pour le Fauve jeunesse au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2015. (Delcourt Jeunesse, 10,95€)


7. America : Nine Antico à la reconquête de l’Ouest

Pauline vient de se faire larguer par son mec, Pédro. La dépression guête mais passera-t-elle vraiment par elle ? Avant de se taper les cartons pour déménager, de constituer un dossier et de trafiquer les fiches de paies pour retrouver un appartement, Pauline part à la reconquête de l’Ouest. Direction l’Amérique…

« Ça y est, je fais partie de la catégorie : larguée. Je suis prête pour une bonne dépression. Je l’attends. Je lui ouvre les bras ». Mais elle tarde à venir la bonne dépression et Pauline commence à s’ennuyer ferme. Direction la vie, « Dehors, le monde continue de tourner. Les filles minaudent. Les mecs sont toujours aussi cons ».

Changement de vie ? Changement de coiffure ! Pauline déboule chez le coiffeur du coin histoire de se faire un nouveau look, le look d’une nana libre, disponible.

Mais elle s’ennuie toujours autant. En ce mois d’août, Paris s’est vidée de ses habitants et par la même occasion de ses meilleurs amis. Inutile de crier dans le vide sidéral de l’oreiller, personne ne l’entend. Alors, sur un coup de tête, Pauline décide de s’envoler pour les States. New York, San Francisco… À elle la reconquête de l’Ouest, la chasse aux figures fantasmées de la culture populaire étoilée, à elle aussi la chasse aux beaux petits culs made in USA qui pourraient lui faire enfin oublier son Pédro.

Good morning America ! Après Girls don’t cry et Tonight, Nine Antico poursuit les aventures de son héroïne Pauline et nous offre une nouvelle fois un florilège d’échanges, d’interrogations et de réflexions sur les filles, les garçons, les sorties, le sexe, l’amour, la nuit, la vie…  dans un style graphique très contemporain.

C’est cru, c’est cruel, c’est direct, c’est souvent drôle, c’est surtout bien foutu, c’est du Nine Antico et on adore! Album à classer dans la catégorie « indispensable »! (Glénat, 13,90€)


8. Conversations de plage : une BD qui sent le sable chaud de Camille Pot

Conversations de plage n’a pas eu le temps de prendre la poussière sur mon bureau, ce petit bouquin jaune des éditions Warum est sorti en juin, juste à temps pour se retrouver embarqué dans les sacs de plage des vacanciers à côté des tongs, de la crème solaire et des lunettes de soleil.

Mais de quoi ça cause me direz-vous ? Est-ce bien la peine de l’emmener avec vous même si son poids et son format ne vous embarrasseront pas plus qu’un, disons deux paquets de cigarette ? Conversations de plage parle de tout et de rien, de l’essentiel et du superflu, de l’anecdotique et du primordial, du mythe nietzschéen et de crumble banane sauce litchi, de prise de poids et d’amour, de chevauchées sauvages à travers les steppes mongoles et de crédits immobiliers, de la vie et de la mort, le tout en une suite de dessins drôles et colorés.

Rien de neuf sous le soleil me diront les plus attentifs puisque cet album a déjà été publié en 2008. Oui, mais cette nouvelle édition est en couleurs et est enrichie de gags inédits, ce qui la rend forcément indispensable.

Hier comme aujourd’hui, les histoires de Camille Pot sentent le sable chaud et les beignets à la confiture à toutes les pages. Idéal entre deux petits plongeons ! (Warum, 14€)

9. Le Petit rêve de Georges Frog : un grand bonheur de Phicil et Drac réédité aux éditions Soleil

Un pianiste de jazz fauché à droite, une jeune fille de bonne famille à gauche, une histoire d’amour improbable au centre, des rêves de gloire et d’avenir meilleur tout autour, non ce n’est pas La La Land mais Le Petit rêve de Georges Frog, un récit initialement paru en quatre volumes entre 2006 et 2010 chez Carabas et aujourd’hui réédité en intégrale aux éditions Soleil…

La comparaison avec le film de Damien Chazelle s’arrête là. "Le Petit rêve de Georges Frog" n’est pas une comédie musicale mais un récit animalier anthropomorphique qui nous ramène dans l’Amérique des années 30, celle de la grande dépression, de la misère généralisée et des clubs de jazz enfumés.

Le personnage central est une grenouille. Elle – ou plutôt il – s’appelle Georges Rainette, Frog de son nom de scène, et rêve de devenir un grand joueur de jazz à l’image de Beef Basie, son idole. « Cette musique, c’est toute ma vie. Je l’écoute, je la joue. J’en rêve même la nuit ! » Alors, Frog décide de jouer le tout pour le tout, quitte le conservatoire, s’enferme dans son appartement et y consacre tout son temps. Ou presque. Car en attendant de devenir célèbre, il va tout de même devoir multiplier les petits boulots qui lui seront payés le plus souvent en carottes par des plus pauvres que lui. Pas vraiment de quoi nourrir son homme, ou même sa grenouille, pas non plus de quoi payer son loyer. Frog se retrouve vite fait bien fait à la rue, squattant à droite et à gauche jusqu’au jour où Cora, la femme qu’il croit aimer, lui met le grappin dessus. Elle veut le mariage. Lui n’a rien contre. Mais pour ça, Frog doit devenir quelqu’un de bien avec un travail sérieux…

L’auteur de cet album, Phicil, n’est pas seulement scénariste, dessinateur et accessoirement professeur dans une école de bande dessinée, il est aussi titulaire d’une maîtrise de musicologie. Ceci explique cela, "Le Petit rêve de Georges Frog" est le concentré de ses deux passions, un concentré éclatant de tendresse, d'humanité, un regard éclairé sur l’univers du jazz, son histoire, une ode à l’amour, à la passion et à la liberté, mais aussi un plongeon dans l’Amérique des années 30. Un travail admirable, un graphisme au charme immédiat, des planches aux atmosphères envoûtantes grâce notamment aux couleurs de Drac qui a signé plusieurs albums de Phicil et une très très belle histoire. (Re)conquis ! (Soleil, 27€)

10. 24 Heures du Mans : Une Vaillante sur la plus haute marche du podium grâce à Michel Vaillant

Ne croyez aucunement tout ce qui est dit ou écrit depuis dimanche 18 juin, la Porsche numéro 2 pilotée par Brendon Hartley, Earl Bamber et Timo Bernhard n’a pas remporté les 24 Heures du Mans, non, c’est une Vaillante qui est arrivée première avec à son bord Michel Vaillant…

C’est du moins le scénario proposé dans ce sixième album des aventures de Michel Vaillant nouvelle saison, une histoire bien évidemment écrite avant l’édition 2017 de la légendaire course automobile. Un scénario comme toujours hyper-sophistiqué dans lequel s’imbriquent histoires de famille et courses automobiles. C’est toujours aussi merveilleusement raconté et dessiné par une équipe  au top – on pourrait même parler d’écurie – réunissant Marc Bourgne, Denis Lapière, Benjamin Benéteau et Philippe Graton, le fils du créateur de la série.

Michel Vaillant a tout juste 60 ans. C’est en février 1957 qu'il fait son premier tour de chauffe dans les pages du journal Tintin. Son créateur, Jean Graton, est né à Nantes en 1923. Pendant la guerre, son père est fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Se retrouvant seul, l’adolescent doit à contre coeur travailler au chantier naval. « Tout cela m’a donné comme objectif de faire dans la vie ce dont j’avais envie, quitte à prendre des risques », dira-t-il.

Le Nantais rejoint la Belgique en 1947. Là-bas, il apprend le métier de dessinateur, travaille un temps pour une agence de presse, fait ses premières armes dans le magazine Spirou, pour lequel il réalise plusieurs Belles Histoires de l’Oncle Paul, puis pour le journal de Tintin où il signe des récits courts, souvent autour du sport, avant de finalement lancer Michel Vaillant en 1957.

Pendant 50 ans, Jean Graton anime les aventures de son pilote, d’abord seul, puis entouré d’assistants et de son fils Philippe Graton. 70 aventures au total, 12 qui se déroulent au Mans, et une célébrité qui dépasse les frontières de l’hexagone avec plus de 20 millions d’albums vendus.

En 2012, on change tout ou presque et on recommence ! Une nouvelle équipe est formée autour de Philippe Graton qui reprend les rênes de la série.Denis Lapière le rejoint au scénario tandis que Marc Bourgne et Benjamin Benéteau sont appelés à repenser le dessin. Pas facile de reprendre une série mythique comme celle-ci, l’équipe se met au travail et relooke complètement l’univers en conservant toutefois ce qui fait l’âme de la série : le savant cocktail « sport, famille, automobile ».

Les aficionados de la première heure s’inquiètent mais la sortie du premier album en 2012 met tout le monde d’accord, la série Michel Vaillant est repartie pour de belles années, peut-être encore 60 ans…

Dans la série Michel Vaillant, la réalité a toujours côtoyé la fiction. Ce nouvel album n’y échappe pas, deux Vaillante Rebellion étaient pour de vrai sur la ligne de départ des 24 Heures cette année, une termina troisième avant d’être disqualifiée, l’autre, 16e au général. La légende continue… (Dupuis, 15,50€)


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