Pénélope Fillon a évoqué devant les enquêteurs un travail informel pour décrire son activité auprès de son mari et de son suppléant Marc Joulaud, revendiquant n'avoir jamais "officialisé (sa) qualité d'assistante parlementaire", selon des extraits de son audition révélés lundi par Le Monde.
Ce travail d'assistante parlementaire, de 1988 à 1990, puis de 1998 à 2002 et de mai 2012 à novembre 2013 pour François Fillon, et de 2002 à 2007 pour son suppléant Marc Joulaud, est au coeur de l'enquête préliminaire sur des soupçons d'emplois fictifs qui ébranle la candidature à la présidentielle de l'ancien Premier ministre.
Sa rémunération brute a été de 831 440 euros, selon les calculs du Canard Enchaîné, qui a révélé l'affaire.
Un poste pour garder un pied en Sarthe
D'après les extraits de son audition lundi dernier, Pénélope Fillon a notamment expliqué, à propos M. Joulaud: "Il avait besoin de moi pour asseoir son autorité". Elle a évoqué des entretiens "très informels", "des notes" mais il n'y avait "jamais de compte rendu écrit", a-t-elle dit."Jamais je n'ai officialisé ma qualité d'assistante parlementaire de Marc Joulaud, pas plus que quand je faisais le même travail pour mon mari", a-t-elle ajouté. "J'ai souhaité que ma femme l'accompagne [Marc Joulaud] car je voulais garder la main sur la circonscription", a de son côté déclaré François Fillon aux enquêteurs, disant lui avoir "demandé (...) de prendre [sa] femme comme collaboratrice".
"La rémunération a été fixée d'un commun accord mais à mon initiative", a-t-il ajouté. Or, selon Le Monde, Pénélope Fillon a déclaré au contraire que "c'est M. Joulaud qui a déterminé le montant" de sa rémunération.
Selon François Fillon, sa femme aurait assuré ses fonctions "depuis le ministère" des Affaires sociales puis de l'Education, qu'il a occupé de 2002 à 2005. "Elle faisait cela avec ce que l'on appelle le cabinet des affaires réservées du ministre", a-t-il ajouté selon Le Monde.
Protestations de l'avocat
Contacté par l'AFP, l'avocat de Pénélope Fillon, maître Pierre Cornut-Gentille, s'est refusé à tout commentaire sur le fond. Il a dénoncé en revanche "la diffusion par Le Monde d'extraits de procès-verbaux".Leur diffusion "ne peut provenir que d'une violation du secret professionnel par un enquêteur de la police ou un membre du parquet national financier, les seules personnes qui à ce jour ont accès aux auditions". "Le PNF et les enquêteurs sont soumis à l'autorité hiérarchique du gouvernement", a-t-il souligné.
Selon Le Monde, François Fillon s'est aussi expliqué sur l'emploi de deux de ses enfants comme assistants, de septembre 2005 à juin 2007, lorsqu'il était sénateur de la Sarthe, alors que son épouse travaillait pour son suppléant à l'Assemblée, Marc Joulaud.
Son fils Charles l'"a aidé en travaillant au programme du candidat à l'élection présidentielle (Nicolas Sarkozy, NDLR) sur des sujets institutionnels", a-t-il expliqué, selon le quotidien.
Quant à sa fille Marie, il a déclaré qu'elle l'avait aidé à écrire son livre, "La France peut supporter la vérité", toujours d'après Le Monde.