Une fête des Lumières, directement inspirée de celle de Lyon, c'est ce que vivent les londoniens depuis hier et jusqu'à dimanche. Des hauts-lieux de la capitale britannique mis en lumière par des artistes, dont certains sont des fidèles de la grande soeur lyonnaise.
Faisceaux de lumière colorée sur l'abbaye de Westminster, célèbre cabine téléphonique rouge transformée en aquarium ou encore filet illuminé suspendu au-dessus du carrefour d'Oxford Circus: Londres brillait de mille feux jeudi soir pour sa première fête des Lumières.
Jusqu'à dimanche, 30 installations artistiques lumineuses se déploient, entre 18H30 et 22H30, dans les rues et quartiers emblématiques du centre de Londres, de Mayfair à Westminster en passant par Regent Street, Picadilly Circus et King's Cross.
Fiat lux
Ce festival est organisé pour la première fois dans la capitale britannique par l'association caritative spécialisée dans l'art, Artichoke, déjà à l'origine dela fête des Lumières qui se tient tous les deux ans depuis 2009 à Durham (nord-est de l'Angleterre).
"C'est de la culture contemporaine qui en appelle aux émotions plutôt qu'au cerveau, qui est faite pour les audiences de masse et pour partager l'espace public", explique Helen Marriage, directrice d'Artichoke et commissaire de "Lumiere London".
C'est magnifique"
De fait, Londoniens et touristes se réappropriaient allègrement le centre de Londres jeudi, devenu en partie piéton le temps du festival. Ils se pressaient en nombre pour admirer et écouter l'éléphant grandeur nature qui semblait se déplacer dans un nuage de poussière sous l'arche d'Air Street,
à deux pas de Picadilly Circus.
"J'aime bien, c'est impressionnant, c'est du beau travail", juge Tuwung, une sud-coréenne de 24 ans, étudiante à Londres. "J'ai toujours été passionnée par la sagesse qui se dégage de cet animal, sa grandeur, son côté extraordinaire, sa lenteur", explique l'artiste à l'origine d'"Elephantastic", la Française Caroline Garret qui a grandi en Afrique. "C'est la confrontation avec l'espace public qui est intéressante, lui qui arrive de paysages immenses".
Des "lyonnais " sont de la partie
Un peu plus haut sur Regent Street, la foule suivait des yeux de petits bonhommes lumineux qui faisaient diverses acrobaties le long d'une majestueuse façade. "C'est génial, j'adore", sourit David Anica, 24 ans, avant de pointer du doigt le filet lumineux flottant au dessus d'Oxford Circus: "ça change de couleur, c'est magnifique".A Leicester Square, le collectif français TILT, habitué de la fête des Lumières de Lyon, invitait les gens à déambuler dans un grand jardin lumineux, ici une pivoine géante, là des roseaux. "Certaines plantes ont des bancs pour s'assoir, d'autres bougent, prennent plus ou moins le vent, certaines ont des tables pour boire un verre si l'on a envie. C'est un appel à la déambulation et à un moment tranquille", explique François Fouilhé, directeur artistique de TILT.
Certaines installations invitaient le public à participer comme cette balançoire ou ces dessins virtuels au sol réalisés grâce à des bâtons lumineux qui passaient de main en main près de la gare de King's Cross.
Un million de visiteurs attendus
Pour Londres, ce festival est une manière de mettre en valeur sa vie culturelle foisonnante mais aussi d'attirer les touristes en cette période creuse. Commerces et restaurants situés près des installations restaient d'ailleurs ouverts plus tard pour l'occasion."Nous sommes très fiers de notre vie culturelle. La culture est à Londres ce que le soleil est à l'Espagne", souligne Munira Mirza, chargée de l'éducation et la culture à la mairie de Londres.
Un million de visiteurs en quatre jours sont attendus pour ce festival "conçu pour attirer des gens à Londres au cours du week-end le plus calme de l'année", poursuit-elle.
Temps suspendu à Picadilly Circus
Pour l'occasion, Picadilly Circus a été exceptionnellement fermé à la circulation -ce qui est arrivé seulement deux fois au cours des 100 dernières années, pour la victoire en 1945 et pour les Jeux olympiques de 2012.Y aura-t-il une deuxième édition du festival ? "On verra", se contente de répondre Helen Marriage, qui admet volontiers avoir trouvé l'inspiration dans la célèbre fête des Lumières de Lyon, exceptionnellement annulée en 2015 après les attentats de Paris.