Les costumes excentriques, photos et textes de David Bowie, exposés depuis deux ans à Londres, Berlin, Toronto, Chicago et Sao Paulo, sont visibles à partir de mardi à Paris, où l'exposition itinérante à succès pourrait atteindre la barre du million de visiteurs depuis son lancement en 2013.
Les quelque 300 objets culte réunis dans le cadre de cette exposition mêlant rock, mode et culture pop des quarante dernières années ont déjà attiré près de 900.000 spectateurs dans les cinq villes où elles ont été exposées, a indiqué Victoria Broackes, l'une des deux commissaires du Victoria and Albert Museum à Londres, en présentant vendredi cette rétrospective à la toute nouvelle Philharmonie de Paris.
Avec les quelque 200.000 amateurs espérés pour cette étape (20.000 billets sont d'ores et déjà vendus) jusqu'au 31 mai, la commissaire espère donc pouvoir accueillir le "millionième" visiteur à Paris, avant que l'exposition "Bowie is..." ne mette le cap sur l'Australie (Melbourne) puis les Pays-Bas.
Costumes extravagants utilisés sur scène ou dans ses clips, paroles de chansons manuscrites, pochettes d'albums, instruments du maître, photos, vidéos, croquis de jeunesse et évidemment extraits sonores: tous les univers de Bowie, de ses premiers accords de guitare au dernier album paru en 2013, en passant par ses tubes, ses influences, ses héritiers et ses films sont explorés dans une exposition d'une richesse impressionnante.
Les pièces proviennent en grande partie des archives de l'artiste, né en janvier 1947 dans le quartier londonien défavorisé de Brixton et dont les ventes de disques avoisinent les 140 millions.
"C'est un homme venu de nulle part, appelé David Jones, probablement le nom le plus commun que vous pourriez avoir en Angleterre, qui est devenu une superstar. Ses hauts et ses bas, la façon dont il a travaillé pour se développer sur le plan artistique, musical et personnel, il y a beaucoup à apprendre de tout cela", explique Victoria Broackes.
Déambulant aux sons de musiques de Bowie, le visiteur en apprendra ainsi beaucoup sur le goût de Bowie pour le hasard et la façon dont il a écrit certains textes en collant des phrases de façon aléatoire (technique du cut-up), en suivant le fameux de jeu de cartes de "stratégies obliques" créées par Brian Eno ou bien en utilisant un logiciel spécial pour générer ses textes.
L'exposition ressemble largement aux versions présentées à Londres, mais quelques pièces et tableaux ont été ajoutés pour lui donner une petite spécificité française. On y apprend par exemple que David Bowie a donné à Paris, entre le 31 décembre 1965 et le 2 janvier 1966, ses tout premiers concerts hors d'Angleterre.
Dans les années 1970, le créateur de "Ziggy Stardust" enregistre à deux reprises au studio du Château d'Hérouville, en juillet 1973 ("Pin Ups") puis en septembre 1976 ("Low"). Le livre d'or du studio est ainsi exposé, avec une dédicace de la
star.
Un spectacle de Decouflé en hommage à Bowie
En marge de l'exposition, la Philharmonie présente plusieurs spectacles sur Bowie. Le chorégraphe Philippe Découflé proposera notamment une "grande célébration glamrock" autour de reprises de chansons du Britannique, interprétées par les chanteuses Sophie Hunger, Jehnny Beth et Jeanne Added aux côtés de danseurs et d'artistes de cirque. Cette création sera présentée de mardi au dimanche 8 mars. L'orchestre national d'Ile-de-France interprètera une création sur les années berlinoises (1976-79) de Bowie, les 7 et 8 mars.
Un film retraçant l'exposition originelle au Victoria and Albert Museum sera par ailleurs diffusé dans près d'une centaine de salles en France et en Suisse, le 12 mars puis le 1er juin. Le Bowie acteur sera aussi de retour sur les grands écrans le 18 mars avec une reprise de "Furyo", film de 1983 où il tient la vedette.
Voir le reportage de Didier Morel et Isabelle Audin