Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble, estime "qu'il n'y a plus rien à faire" pour trois dossiers qui avaient été classés parmi les disparus de l'Isère. Le procureur demande donc un non-lieu.
Le parquet de Grenoble a donc requis un non-lieu dans trois affaires de disparition d'enfants datant des années 80, estimant que tous les éléments avaient été exploités. "Tout a été fait, il n'y a plus aucun élément exploitable. Quand il n'y a plus rien à faire, il faut savoir fermer un dossier", a expliqué Jean-Yves Coquillat à l'Agence France Presse. Il avait déclaré la même chose à France 3 Alpes en mars 2013.
Les juges d'instruction en charge de ces affaires n'ont en revanche pas rendu d'ordonnances de non-lieu pour le moment.
Il s'agit des enquêtes sur les disparitions de Ludovic Janvier, 6 ans, le 17 mars 1983 à Saint-Martin-d'Hères et de Charazed Bendouiou, 10 ans, le 8 juillet 1987 à Bourgoin-Jallieu, ainsi que sur la tentative d'homicide de Grégory Dubrulle, 8 ans, le 9 juillet 1983. Ce dernier, enlevé par un homme en bas de son domicile à Grenoble, avait été retrouvé le crâne fracassé, dans une décharge du massif de la Chartreuse.
Récit Ana Koroloff
La justice ne met aucun moyen sur cette enquête
Me Didier Seban, un des avocats des familles, a indiqué qu'il allait demander "de nouvelles vérifications" et des "rapprochements" notamment entre l'affaire Dubrulle et l'homicide de Fabrice Ladoux, 12 ans, le 13 janvier 1989, retrouvé mort dans le massif de la Chartreuse. "On va aussi demander aux juges de nous recevoir et de recevoir les familles", a-t-il ajouté.
"La justice ne met aucun moyen sur cette enquête. C'est un cri d'alarme que nous poussons", a affirmé Me Seban. Le procureur de Grenoble a, au contraire, estimé qu'il était "illusoire de penser trouver quelque chose" dans ces dossiers. "Ce qu'il s'est passé l'an dernier (avec la résolution de deux affaires) a montré que l'on persévère lorsqu'on a des éléments exploitables", a ajouté M. Coquillat.
En juillet 2013, un homme de 37 ans a en effet été confondu par son ADN vingt ans après le meurtre de deux fillettes à Voreppe en Isère. Il a été mis en examen et incarcéré. La justice n'avait alors pas hésité à débourser plus de 100.000 euros pour les expertises génétiques qui ont permis de mettre la main sur le meurtrier présumé.
Sept disparitions ou meurtres d'enfants entre 1983 et 1996 restent à ce jour non élucidés en Isère. En 2008, le parquet général de Grenoble avait regroupé les dossiers des "disparus de l'Isère".
Les investigations alors menées avaient permis d'écarter l'hypothèse d'un tueur en série pour l'ensemble des cas.