Assises de Savoie: l'instituteur pédophile dévoré par internet ou manipulateur?

Un instituteur jugé par les assises de Savoie pour avoir violé ou agressé une trentaine de fillettes, s'est décrit, au deuxième jour du procès, comme dévoré par internet et son "univers virtuel malsain", sans convaincre les familles.

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Éric Molcrette, 51 ans, a livré vendredi le récit, mûri en détention et avec un travail psychologique, du "processus" qui l'a mené à commettre "l'injustifiable": mettre son sexe dans la bouche de 18 petites filles de 5 ou 6 ans de l'école du village de Planaise (Savoie), en prenant des photos.

Il raconte, avec des mots choisis, une période d'échecs professionnels, de déception amoureuse et de risque de divorce qui l'amène, à partir de 2009, à consulter des sites pornographiques.

le monde virtuel qui hantait mes nuits m'a rattrapé


De clic en clic, de "mosaïque d'images en mosaïque d'images", ce qui devient une "addiction" le mène vers des "sites bizarres". "Ça devient mon seul univers sexuel, fantasmé (...) ça vous envahit et vous pourrit l'âme", décrit ce multi-sportif, vêtu d'une polaire noire.

En juin 2011, "le monde virtuel qui hantait mes nuits m'a rattrapé", poursuit Éric Molcrette: il commet une agression sexuelle en prenant une photo de son pénis près du visage d'une fillette qui fait la sieste à l'école.

A l'entendre, la mère de l'enfant, dans la salle d'audience, s'effondre en larmes. Viendront ensuite, jusqu'en 2013, les viols de 18 élèves, par fellation imposée, lors de "jeux du goût".

"L'enfant a les yeux bandés, ce n'est plus une enfant de ma classe (...) Il faut que je fasse une image comme celles que je voyais sur internet (...) J'ai l'illusion que je ne fais de mal à personne", raconte l'instituteur, parlant de "petits arrangements entre le conscient et le subconscient".

Sur son ordinateur, ses clés USB, environ 500.000 fichiers, dont des doublons et vignettes générées automatiquement par la machine, sont retrouvés parmi lesquels des milliers d'images pédopornographiques classées, nommées, recadrées, supprimées, recréées.

'Plus fort que moi'


La navigation en "mode privé" n'a pas permis de remonter aux sites consultés. L'expertise n'a pas trouvé trace non plus de logiciel de partage. "Personne d'autre que moi n'a vu ces photos," assure l'accusé, en réponse à l'une des craintes des parents.

Mais cette version d'un homme répondant à des "pulsions" et cherchant "une dose d'adrénaline", embourbé dans le "virtuel", s'ébrèche sous le feu roulant des questions de la présidente de la cour, Isabelle Oudot, qui cite les mots crus des fillettes lors de leur audition.

"Lécher, lécher: on est au-delà de la recherche d'images, non?" interroge-t-elle. "Et quand vous classez vos photos, ce ne sont pas des prénoms inventés que vous mettez aux fichiers, ce sont ceux de vos élèves."

"Les enfants ne parlaient pas de ce qui se passait à l'école, une petite fille pensait qu'il y avait des caméras chez elle", insiste-t-elle. "Il ne fallait pas tricher à ce jeu, vous le leur disiez avec autorité", souligne-t-elle encore, saluant le "courage" de celle qui a transgressé l'interdit et permis la révélation de ces crimes, un jour d'avril 2013.

Les avocats des familles ont aussi exprimé tous les doutes de leurs clients: "êtes-vous vraiment sincère ? vous reconnaissez tout ce qu'il y a dans la procédure mais on a le sentiment que des choses restent cachées", lance Me Kevin Artusi.

"Sachant que 'cela' pouvait recommencer, pourquoi avoir continué le 'jeu du goût'?" enchaîne Me Nathalie Bocquet. "Dans vos moments de lucidité, pourquoi ne pas être allé voir quelqu'un? Avoir jeté tout le matériel?" renchérit Me Véronique Guido.

"Il y avait quelque chose de plus fort que moi. Je n'ai pas eu la clairvoyance", souffle Éric Molcrette, qui pensait "pouvoir s'en sortir tout seul".

"Êtes-vous pédophile?" lui demande Me Patrice Reviron. "J'ai commis des actes pédophiles, mais je ne sais pas si je suis pédophile", répond celui qui encourt 20 ans de réclusion criminelle.

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