Dans un communiqué, diffusé ce mardi 23 septembre, la Ligue de Protection des Oiseaux de l'Isère dresse le bilan des "victimes" de l'été. On apprend que 7 cigognes sont ainsi mortes dans un enchaînement d'électrocutions sur un pylône ERDF.
En Isère, les passages de cigognes sont recensés et le nombre d'individus observés ne cesse d'augmenter: 113 individus en 2011, 156 en 2012, 212 en 2013 et déjà 106 en 2014.
C'est ainsi que fin août, les habitants de Monestier-du-Percy ont la surprise de découvrir des cigognes blanches sur le toit de leur église. Les cigognes comme beaucoup d’oiseaux peuvent être amenées à survoler le Trièves pour gagner leurs quartiers d’hiver dans le Sud. Cette observation a malheureusement été suivie par des électrocutions sur un pylône ERDF. 7 cigognes ont été tuées. Baguées en Allemagne, elles faisaient partie d'un groupe migratoire de 188 individus qui a poursuivi sa route en direction de l’Afrique ou de l’Espagne.
Signalement auprès d'ERDF
La LPO Isère dit avoir signalé cet événement à ERDF. "Cet accident est d'autant plus regrettable", explique la Ligue, "qu'une convention de partenariat est sur le point d'être signée entre ERDF, la LPO Isère, le Conseil Général de l'Isère, le Parc National des Ecrins et les Parcs Régionaux du Vercors et de la Chartreuse." Cette convention a pour but de mettre rapidement en oeuvre des mesures concrètes comme la pose de plate-formes métalliques pour sécuriser la zone de nidification sur les piliers ou encore à la pose de dispositifs effaroucheurs.Un exemple de réintroduction réussie
Les cigognes sont aptes à survivre dans des climats froids, mais ce sont les conséquences de l'hiver qui les font migrer: hibernation des petits rongeurs, disparition des insectes. Elles se rassemblent en groupes de plusieurs centaines d'individus et parcourent plusieurs milliers de kilomètres, à raison de 200 à 400km /jour pour gagner l’Afrique ou l’Espagne à la fin de l'été. Mais 20 % des effectifs seulement reviennent sur leur lieu de reproduction au début du printemps. En plus des morts naturelles (noyades en Méditerranée), les lignes à haute tension et les noyades dans les châteaux d’eau sont l'une des causes principales de décès en cours de migration.En Afrique, c’est la chasse et aussi l’utilisation de pesticides pour les criquets qui contribuent à diminuer les effectifs de retour en Europe. En 1975, il ne restait plus que 9 couples
de cigognes en Alsace. Afin de stopper ce déclin, des moyens importants ont été mis en oeuvre pour "déprogrammer" les cigognes blanches afin qu'elles ne quittent plus leur nid durant l'hiver. Il a fallu capturer les cigogneaux et les élever durant deux ans dans des espaces clos, avant de les lâcher dans la nature et de leur apporter de la nourriture durant l’hiver. Ce programme n’a jamais eu raison de l’instinct migratoire des oiseaux: les cigogneaux nés de parents sédentaires, mais non rééduqués, partent en migration dès la première saison.
Depuis une dizaine d'années, le nombre de cigognes a ainsi connu une augmentation spectaculaire: plus de 250 couples en Alsace, mais également des milliers en Espagne, en
Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne. Par ailleurs, un nouveau phénomène apparu ces dernières années pourrait réduire de manière naturelle l'action des "fermes à cigognes". Certaines populations de cigognes ne migrent plus spontanément: les climats plus cléments en général sur l'Europe de l'Ouest seraient responsables de cette sédentarisation naturelle, c’est le cas dans la Dombes, proche de chez nous.
Pour en savoir plus, consultez le périple de la cigogne Max, de 60.000km en 13 ans, suivie par balise argos.