Pour la première fois, le département de l'Isère a placé le FN en tête au premier tour des Régionales. Du nord au sud du département, le parti de Marine Le Pen fait le plein. Grenoble "la verte", quant à elle, a massivement voté PS. Les écologistes d'Eric Piolle sont relégués en troisième position.
Bilan du 1er tour des régionales en IsèreLes écarts sont ténus. Mais le symbole est fort. Pour la première fois de son histoire, le département de l'Isère a placé le Front National en tête à l'issue du premier tour des élections Régionales, avec 27,67% des voix, devant la liste Les Républicains (26,21%) et celle du PS (25,39%). Un vote frontiste homogène sur l'ensemble du département. Ce qui constitue une véritable nouveauté. En effet, le sud de l'Isère, autrefois peu propice au FN, a "basculé" et parfois de façon assez spectaculaire. Rejoignant les communes du nord de l'Isère, habituées depuis longtemps à accorder leur préférence au parti de Marine Le Pen.
Forte poussée du FN en Matheysine
La bascule est notamment très marquée en Matheysine. Le plateau, autrefois minier et ouvrier, a largement voté FN. A La Mure, la principale ville, la liste de Christophe Boudot recueille 29,08% des suffrages, devant Les Républicains. Même scénario à La Motte-d'Aveillans où le Front National rassemble 34,32% des voix, cette fois devant le PS (27,26%) et les Républicains (18,72). A Susville, le FN totalise 32,74% des voix.La "ceinture rouge" vire au bleu marine
Dans la périphérie de Grenoble, les scores du FN impressionnent également. La "ceinture rouge", -ces quelques communes historiquement communistes-, voit également le parti d'extrême droite triompher. Si la liste Boudot n'arrive qu'en seconde position, derrière le PS, à Saint-Martin-d'Hères, elle s'impose en revanche assez largement sur la commune voisine d'Echirolles. Là, le FN culmine a 28,52% des voix devant le PS (25,73%) et Les Républicains (18,45%).Réactions des habitants de l'agglo de Grenoble
Dans ce contexte, inutile de dire que les scores du parti d'extrême droite explosent dans le nord de l'Isère. Là-bas, le FN est implanté depuis très longtemps. A Péage-de-Roussillon (33,47%) ou à L'Isle d'Abeau (34,32%), la liste Boudot distance nettement celle de Jean-Jack Queyranne pour le PS. Laurent Wauquiez est alors reléguée en troisième position, preuve que le discours très droitier du candidat des Républicains ne convainc finalement pas des électeurs habitués à voter FN...
Le "cas" Charvieu-Chavagneux
L'exemple le plus probant est, sans conteste, celui de Charvieu-Chavagneux. La commune est dirigée par Gérard Dezempte. Un maire "Les Républicains" très à droite, qui s'est "illustré" il y a peu en affirmant qu'il n'accueillerait que des réfugiés chrétiens sur sa commune. Et pourtant... Sur ses terres, l'édile est à la traîne. La liste de son parti, celle de Laurent Wauquiez, n'arrive qu'en seconde position avec un score tout petit, 21,51%, alors que celle du FN atteint des sommets avec 45,88% des voix. Presque un électeur sur deux!L'un des trois départements FN de la région
Partout en Isère, le bleu marine s'impose donc. Une vraie déconfiture pour la gauche, longtemps en majesté dans ce département dirigé par le PS jusqu'en 2014 et qui perd ce mois-ci quelques-uns de ses derniers bastions. Mais la défaite touche aussi la droite. Aux dernières Départementales, Les Républicains ont raflé la mise. Aujourd'hui, les voilà déjà rétrogradés en seconde position. Étrangement, en préfecture, aucun responsable de droite ne parlait d'échec. Dans toutes les bouches, sur toutes les lèvres, des mots de satisfaction: Laurent Wauquiez est en tête au niveau régional. Il n'en fallait pas plus pour satisfaire les responsables Les Républicains. Une analyse plus poussée des résultats devrait pourtant les faire déchanter... L'Isère est désormais l'un des trois départements d'Auvergne-Rhône-Alpes a avoir placé le Front national en tête. A l'échelle locale, les vainqueurs d'hier semblent déjà être les perdants du jour.Grenoble: d'EELV au PS...
Reste enfin le cas de Grenoble où la même morale pourrait s'appliquer. Certes, la ville-capitale reste encore et toujours un bastion de gauche. Mais, là encore, les surprises sont nombreuses. Elu triomphalement en mars 2014, le maire écologiste Eric Piolle voit son parti perdre près de la moitié de son score. Là où EELV obtenait plus de 40% des voix aux municipales, les Verts et leur Rassemblement citoyen ne recueillent plus que 20,38% des suffrages. La droite repasse devant (21,91%). Et c'est le PS qui remporte la mise avec 30,58%. Il suffisait de voir les traits tirés et le visage fermé d'Eric Piolle en préfecture pour comprendre l'ampleur de la déroute et de la déception. Le maire n'a d'ailleurs pas perdu de temps pour appeler à travailler avec le PS. Voilà sans doute le seul motif de satisfaction des socialistes isérois à l'issue de cette soirée définitivement surprenante dans le département.