L'initiative pourrait s'apparenter à un mouvement de grève, mais à Grenoble c'est la Ville qui a décidé de fermer pour une journée ses services publics. Elle entend dénoncer les difficultés engendrées par la baisse des dotations de l'État.
Les services publics fermés le 25 novembre
Le 25 novembre, les bâtiments communaux ne seront pas accessibles aux habitants et aucun agent n'assurera la continuité du service public, à l'exception des maisons de retraite, de police municipale, ou de la restauration.
Les élus de la majorité municipale (EELV, PdG) sont bien décidés à marquer le coup. "Nous avons fait des pétitions, des conférences de presse, des réunions citoyennes. Cette journée sans services publics est pour nous un moyen d'accélérer la prise de conscience, que l'on se rende compte du péril de la situation et de l'urgence d'agir. L'objectif, c'est de trouver d'autres façons de faire", explique Eric Piolle.
Nous, nous avons mis en oeuvre des actions de sobriété"
Selon le maire, entre 2013 et 2017, la Ville doit perdre 20 millions d'euros de dotations budgétaires sur son budget annuel, soit l'équivalent de "100% des subventions versées pendant une année". Or l'équipe municipale, qui a ravi la Ville aux socialistes aux dernières élections, a promis de ne pas augmenter les impôts locaux, qu'elle juge "injustes" et déjà très élevés.
Le premier magistrat Vert balaie d'emblée "le manque à gagner occasionné par la suppression des panneaux publicitaires dans la capitale des Alpes, "c'était nécessaire". Il tacle ses prédécesseurs: "Nous, nous avons mis en place des actions de sobriété, nous avons divisé le budget communication de la mairie par deux, fait des économies sur les véhicules de fonction, limité les frais des cérémonies du 14 juillet. Nous avons quitté l'ère de la mégalomanie qui a conduit Grenoble à dépenser 3 millions d'euros pour faire venir de la neige en centre-ville, afin de défendre une candidature aux Jeux Olympiques (...). Il faut faire des économies dans tous les domaines."
Si l'on n'agit pas, Grenoble pourrait être mise sous tutelle"
Eric Piolle n'a de cesse de répéter qu'il a "découvert la situation de la Ville au moment de son élection", et de marteler que le gouvernement Valls a annoncé la baisse des dotations 15 jours après son arrivée à la tête de la cité dauphinoise. Aujourd'hui "dans une situation alarmante. c'est la Ville de plus de 100.000 habitants la plus en difficultés", s'alarme-t-il, et "qui pourrait bien se retrouver sous tutelle".
Du côté de l'opposition, les réactions sont vives. "C'est du pipeau, on est dans la communication politique et dans le mensonge", a réagi le socialiste Jérôme Safar. Il a d'ailleurs déposé un recours au tribunal administratif contre la journée sans services publics.