Interview. Invité de La Voix Est Libre sur France 3 Alpes ce samedi 19 mars, le président LR du conseil départemental de l’Isère, Jean-Pierre Barbier fait le bilan de sa première année de mandat. Retour sur des extraits choisis de l'émission.
Voilà un an que Jean-Pierre Barbier est à la tête du département, succédant au socialiste Alain Cottalorda. Hormis l'épineux dossier du tunnel du Chambon, évoqué en deuxième partie d'émission, le nouveau patron de l'Isère revient sur l'année écoulée en évoquant les aides sociales, les transports avec l'A480 et les VFD, ainsi que la création d'un pôle agroalimentaire. Face à lui, la conseillère départementale PS, Amandine Germain.
Rappelons en préambule, que le député Les Républicains est à la tête du plus gros budget de la région Auvergne-Rhône-Alpes (hors métropole lyonnaise), estimé à 1,5 milliards d'euros.
La réciprocité des aides sociales
C'est un dossier dont on parle beaucoup actuellement : le RSA (Revenu de Solidarité Active) et ses bénéficiaires. Jean-Pierre Barbier souhaite que "les gens réapprennent à se lever et à faire des heures". Les allocataires du RSA devront donc faire du bénévolat, en échange des aides sociales qu'ils perçoivent. Pour le président, le département a besoin d'eux : "Vos compétences nous intéressent, la société a besoin de vous. Vous pouvez nous aider. Réinsérez-vous." La conseillère départementale socialiste, Amandine Germain, s'interroge : "J’aimerais comprendre si c’est du bénévolat, du travail gratuit ou ramener les allocataires du RSA vers l’emploi ?" et se demande pourquoi ne pas "mobiliser les moyens publics pour un retour à l'emploi".Elle évoque également la coupe de 5 millions d'euros pour l'insertion sociale et professionnelle dans le budget 2016, mais Jean-Pierre Barbier rétorque que "la baisse des dotations de l'Etat, ce n'est pas nous. C'est votre gouvernement". Les deux personnalités politiques se sont également opposées sur la diminution des aides pour la prévention spécialisée (moins 11%) ainsi que pour les missions locales (moins 7%). Toutefois, le budget réservé à l'action sociale reste le plus important avec 661 millions d'euros consacrés.
A480, le serpent de mer de Grenoble
Autre sujet abordé : le contournement de Grenoble avec le serpent de mer qu'est l'A480. Un débat récurrent depuis des années, sans pour autant qu'une solution satisfaisante ne soit trouvée, même si Jean-Pierre Barbier parle de "consensus autour du Rondeau et de l'A480".Il évoque la piste du projet proposé par AREA et par l’Etat, "soit le doublement de l’A480 en 2 x 3 voies", avec une enveloppe de "300 millions d’euros d’argent privé qui viendraient financer ces travaux. C’est la première fois et l‘occasion est unique.", précise-t-il.
Pour rappel, selon une étude de l'INRIX parue en début de semaine, Grenoble est la 7ème ville la plus embouteillée de France.
La privatisation des VFD
Toujours dans le domaine des transports, les bus VFD. Le conseil départemental va vendre ses participations dans l'entreprise, qui va donc être privatisée. "Nous ne pouvons pas faire autrement. La situation de fonctionnement a été rétabli, par contre l’investissement de cette entreprise n’est plus possible. Elle ne peut plus survivre dans un monde très concurrentiel.", explique-t-il. De plus, avec la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), le département n’aura plus en charge les transports en 2017.Pour Amandine Germain, le parti socialiste n'aurait "pas fonctionné de cette manière-là. En un an, nous n’avons pas entendu parler une seule fois des VFD." Jean-Pierre Barbier met en avant l'inertie du PS, contrairement aux Républicains : "On n’en a pas parlé en 1 an, mais on a fait quelque chose. Vous en avez parlé pendant 15 ans, mais vous n’avez rien fait."
La construction d'un pôle agroalimentaire
Présent au salon de l'Agriculture à Paris, le président du département est revenu sur la situation problématique rencontrée par les agriculteurs : "Il en va de leur avenir et de notre indépendance alimentaire au niveau national. C’est quelque chose que l’on n’évoque jamais. Si demain nous n’avons plus d‘agriculture, notre pays sera dépendant de pleins d’autres pays pour assumer la nourriture des Français."Il propose la création d'un pôle agroalimentaire, plutôt que des subventions supplémentaires. "Nous, collectivités, devons apporter les outils nécessaires pour qu’ils puissent commercialiser et faire de la valeur ajoutée sur leurs produits." Un abattoir avec une salle de découpe serait construit, afin que les agriculteurs puissent vendre au détail.
Ce nouveau pôle permettrait de fournir les cantines des établissements scolaires ainsi que les maisons de retraites. Jean-Pierre Barbier veut valoriser les circuits de proximité et créer un label Alpes-Isère pour le département: "Il faut que les Isérois soutiennent leur agriculture", conclue-t-il.
Une étude a été lancée en concertation avec les agriculteurs, leurs représentants ainsi que des prestataires privés. Les premiers résultats devraient être connus d'ici le mois de juin.