Alors qu’une qu'une délégation de manifestants était reçue par le préfet Christophe Bay, le reste des agriculteurs réuni devant la préfecture a décidé de s’allonger sur le sol, symbolisant ainsi la mort de la profession.
Ce rassemblement organisé pour dénoncer la chute des prix a regroupé prés de 150 manifestants. La crise de l'élevage perdure, aggravée par des epizooties, et elle s'étend à d'autres filières comme les céréales et les fruits et légumes.
Les raisons de la colère :
Les filières d'élevage (lait, boeuf et porc) ont vu leurs prix s'effondrer en 2015 en dessous de leurs coûts de production mettant les éleveurs dans des situations intenables. Malgré l'intervention du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour essayer de trouver un accord avec les autres acteurs de la filière, industriels et grande distribution, les prix ne sont pas remontés en ce début d'année. La rallonge de 125 millions d'euros aux 700 millions du plan d'aide aux éleveurs annoncée la semaine dernière ne les a pas non plus convaincu.
Pourquoi les agriculteurs français s'inquiètent-ils de leur compétitivité ?
Cette inquiétude est très forte dans la filière porcine, où la France a vu ses parts de marché fondre ces dernières années, au profit de l'Allemagne et del'Espagne. Les éleveurs français accusent depuis des années l'Allemagne de pratiquer du dumping social, avec l'emploi de travailleurs détachés d'Europe de l'Est dans ses abattoirs, mais aussi du dumping fiscal, en encourageant les éleveurs à frauder sur la TVA pour doper leur production.
Pourquoi la grippe aviaire a-t-elle aggravé la situation ?
La filière foie gras, jusqu'ici en bonne santé, est touchée de plein fouet par l'épizootie de grippe aviaire qui a démarré en Dordogne cet automne. Le videsanitaire de plusieurs mois décidé par le gouvernement pour enrayer l'épidémie dans les élevages de palmipèdes devrait faire chuter la production de foie gras d'au moins 30% en 2016. Les fabricants de foie gras craignent de devoir recourir à des mesures de chômage
partiel.
Pourquoi d'autres filières comme les céréales ou les fruits et légumes souffrent-elles
aussi ?
Une partie des céréaliers, pourtant souvent considérés comme les nantis de l'agriculture, est à la peine. La récolte 2015 de blé a été si abondante à travers le monde que les prix ont chuté d'environ 20%. Les agriculteurs français se sont donc mis à stocker leur moisson, dans l'espoir que les prix remontent, mais leurs revenus sont en berne. La France, 1er exportateur européen qui écoule la moitié de son blé à l'étranger, souffre cette année sur ses marchés traditionnels du Maghreb et du Moyen-Orient, car elle subit la concurrence de la Russie, de l'Ukraine et de l'Argentine.Cet hiver, le prix des légumes s'est également effondré, sous l'effet d'un déséquilibre entre une offre précoce causée par un hiver trop doux et une demande insuffisante sur les étals. La seule filière relativement épargnée par la crise est la viticulture, même si des régions comme le Beaujolais sont confrontées à une baisse des prix.
Un reportage de P Niccolaï, P Tinon et A. Cassar-Rajaud
Les agriculteurs périgourdins mettent en scène leur mort pour dénoncer les difficultés de leur filière.
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©France 3 Périgueux