Ce n'est pas la première fois que les pesticides ont maille à partir avec les écoles en Gironde. En juin 2014, un arrêté préfectoral avait dû interdire l'épandage à proximité d'une école en haute Gironde. Identifiée par une étude de l'Inserm, cette menace sera évoquée devant la justice.
Dès 2013, une étude de l'Inserm pointait du doigt les conséquences des polluants pour le voisinage. Les pesticides pourraient donc représenter un danger potentiel pour les 300 enfants de l'école maternelle et primaire de Preignac. Plus inquiétant encore, une étude de l'Airaq, organisme de mesure des polluants atmosphériques, constate en 2011 la présence de Folpel en Gironde. Un fongicide classé «cancérogène probable pour l'homme» aux États-Unis.
L'expertise de l'INSERM :
Depuis les années 1980, l’implication des expositions professionnelles aux pesticides dans la survenue de plusieurs pathologies (cancers, maladies neurologiques, troubles de la reproduction) est évoquée par des enquêtes épidémiologiques. Ces enquêtes ont également attiré l’attention sur les effets éventuels d’une exposition, même à faible intensité, au cours de périodes sensibles du développement (in utero et pendant l’enfance).
C est dans ce contexte que la Direction générale de la santé avait sollicité l’Inserm pour réaliser un bilan de la littérature scientifique disponible, afin de fournir des arguments sur les risques sanitaires associés à l’exposition professionnelle aux pesticides, en particulier en secteur agricole, et sur les effets d’une exposition précoce du fœtus et du jeune enfant.
D’après les données de la littérature scientifique internationale publiées au cours des 30 dernières années et analysées par ces experts, il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples). Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours des périodes prénatales et périnatale ainsi que lors la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant.
Les péripéties judiciaires du groupe Monsanto :
Confirmation condamnation MonsantoC'est une première en France. Le groupe Monsanto, une des grandes firmes américain fabricant des pesticides, a été condamné en septembre 2015 en appel à Lyon pour l'intoxication d'un agriculteur français avec un herbicide pour le maïs, le Lasso. Paul François, céréalier à Bernac, en Charente, avait été intoxiqué en avril 2004 après avoir inhalé des vapeurs de Lasso. Le groupe avait été reconnu «responsable» en première instance en 2012 de l'intoxication et condamné à «indemniser entièrement» le céréalier charentais, partiellement handicapé.
Il a fallut attendre mai 2005 pour identifier le coupable: le monochlorobenzène, solvant répertorié comme hautement toxique et entrant à 50% dans la composition de l'herbicide. La lutte contre la maladie cède la place au combat juridique. D'abord, pour faire reconnaître sa rechute comme maladie professionnelle, officialisée en 2010. Puis contre la firme Monsanto, dont il est convaincu qu'elle connaissait les dangers du Lasso bien avant son interdiction en France, en novembre 2007. Cet herbicide avait en effet été jugé dangereux et retiré du marché au Canada dès 1985, et depuis 1992 en Belgique et au Royaume-Uni.