Les visites virtuelles de Google ne se cantonnent plus aux rues. Désormais, on peut pousser les portes de certains commerces ou plus rarement celles de monuments historiques. En Auvergne, le géant américain a confié le travail au photographe Jean-Michel Gueugnot.
La visite débute par l'extérieur. Toujours. A trois mètres minimum de la porte d'entrée, c'est la règle. Puis, en suivant les flèches, un clic de souri nous emmène à l'intérieur. C'est parfois une boutique, un hôtel, un restaurant, un coiffeur, mais plus rarement un bâtiment abandonné, véritable patrimoine agonisant sous le regard des passants et aujourd'hui des internautes.
S'inspirant de Maps et Street View, Google a développé depuis quelques mois son concept pour offrir des visites virtuelles sur le web, plus seulement à l'air libre mais dorénavant entre les murs. Au hasard d'une rue, vous pourrez ainsi pousser virtuellement les portes d'un magasin ou dans le cas de Chatel-Guyon, dans le Puy-de-Dôme, celles d'un centre thermal sorti de terre en 1904 et qui devient progressivement poussière.
Fermés en 2004, les Grands Thermes de Chatel-Guyon sont aujourd'hui livrés à eux-même. Propriété de la commune, le bâtiment coûte cher à entretenir, alors il se détériore doucement mais sûrement. Pourtant, d'extérieur l'ensemble a fière allure. Quant à l'intérieur, son caractère photogénique n'a en rien été altéré par le temps. Ce n'est donc pas un hasard si la Route des Villes d'Eaux du Massif Central a contacté Jean-Michel Gueugnot pour mettre en boîte une visite virtuelle de l'endroit.
Depuis le mois de mai, ce photographe clermontois, qui opère sur le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, le Cantal et la Lozère, a réalisé 55 visites du même type, sur commandes des intéressés, pour une mise en ligne sur le Street View de Google. La firme californienne l’a appelé en mars pour lui proposer de participer à cette nouvelle aventure. Jean-Michel Gueugnot n'a pas hésité et dès le mois suivant, il suivait trois semaines de formation. "Il y a des procédures assez strictes", explique-t-il, "et la qualité des visites virtuelles qui sont hébergées est la même en France, aux Etats-Unis ou en Australie". Le photographe est libre de son parcours à condition qu'il soit cohérent, naturel et ne traverse jamais les murs ou le mobilier. "On essaie de coller au plus proche à la visite qu’on ferait à pied" précise-t-il. Une fois ce parcours déterminé, il suffit de réaliser plusieurs série de photographies de manière à couvrir un champ de 360°. Quatre photos suffisent grâce à l'objectif 8mm monté sur l'appareil. Une fois rentré, le tout est transmis à Google qui met la visite en ligne quelques heures plus tard.
Pour Léa Lemoine, chargée de mission pour la Route des Villes d'Eaux du Massif Central, ces visites virtuelles présentent des intérêts multiples. D'abord, elles permettent de dépoussiérer l'image des communes. Ensuite, c'est une manière de "valoriser le patrimoine thermal" et, dans ce cas précis, "de sensibiliser le public aux bâtiments en péril". En quelques minutes, on peut faire le tour du propriétaire, flâner, regarder, imaginer l'ambiance qui régnait il y a 8 ans à peine quand les Grands Thermes de Chatel-Guyon étaient encore ouverts, et cela en toute sécurité.
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