La présence mercredi aprés-midi d'un élève armé dans un lycée professionnel de Caluire a suscité un vif émoi dans le corps enseignant. Certains professeurs ont exercé leur droit de retrait.
L'arrivée dans son lycée près de Lyon d'un élève qui cachait un pistolet à balles en caoutchouc non chargé a créé un fort émoi parmi les enseignants. Certains ont exercé momentanément jeudi leur droit de retrait, dans un contexte de multiplication des violences en milieu scolaire.
Mercredi matin, dans le bus conduisant au lycée professionnel André-Cuzin à Caluire (Rhône), le lycéen de 15 ans, scolarisé en Seconde, se vantait auprès de ses camarades de transporter une arme. "Un élève de Terminale les a entendus et suivis dans la cour de l'établissement", a relaté à l'AFP la proviseure, Martine Goy. Cet élève plus âgé a alors demandé au plus jeune de le suivre jusque dans le bureau du proviseur adjoint, où il a remis le pistolet et son étui, sans résistance.
Le lycéen de Seconde a affirmé avoir été racketté lundi dans le métro, expliquant qu'il avait subtilisé l'arme de 7e catégorie à sa famille dans l'intention de se défendre. Il a été remis à la police, qui n'a découvert aucun élément corroborant ses dires sur un prétendu racket, a-t-on indiqué de source policière.
L'adolescent a été entendu librement par les enquêteurs, et devra suivre ultérieurement un stage de citoyenneté de six jours, ce qu'a fixé le parquet de Lyon. Il n'y a pas eu de plainte du lycée.
L'arme, un "gomme cogne" en vente libre, doit être détruite, a précisé la police. En outre, le lycéen passera devant le conseil de discipline de son établissement après les vacances scolaires et a d'ici là interdiction de pénétrer dans son enceinte. Ses quatre camarades, au courant de son port d'arme, pourraient également être sanctionnés.La proviseure est passée jeudi dans les classes pour adresser un message aux élèves. Les enseignants du lycée professionnel, informés de l'incident mercredi après-midi, ont décidé jeudi pour la moitié d'entre eux d'exercer leur droit de retrait entre 10h00 et 12h00, a indiqué le rectorat. Les cours ont repris normalement l'après-midi. "Quel est le but d'avoir une arme dans un établissement ? On comprend l'inquiétude de nos collègues", a réagi Christian Darpheuille, responsable au syndicat Unsa éducation.
D'après lui, les établissements scolaires de la région ne sont pas équipés de portiques de sécurité et la question ne s'est jamais posée. Cependant, "personne n'a les moyens de fouiller les élèves et on ne peut pas mettre un policier ou un gendarme dans chaque établissement".
Ce nouvel incident dans l'agglomération lyonnaise intervient dans un contexte de multiplication des actes de violence à l'égard des professeurs et des élèves. Dans le lycée de Caluire, "cet épisode a semé un trouble bien légitime", reconnaît la proviseure, qui souligne "le caractère protecteur et citoyen" de l'intervention du lycéen de Terminale. L'établissement, situé dans une commune aisée, est habituellement plutôt tranquille.