Originaire de Clermont-Ferrand mais résidant à Lyon, Emmanuelle Pireyre a reçu, mardi, le Prix Médicis pour son roman "Féerie générale" (Editions de l'Olivier).
Emmanuelle Pireyre a été couronnée mardi par le prix Médicis pour "Féerie générale" (L'Olivier), roman-collage protéiforme où cohabitent textos, courriels, récit, introspection ou rap: "je viens de la poésie, dit-elle, et inventer des formes ne me fait pas peur". Loin d'être une favorite, la lauréate a pourtant été choisie dès le premier tour, par 8 voix sur 10, a précisé Dominique Fernandez, président du jury au sein duquel a repris place l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.
Regard profond sous ses mèches de cheveux bruns coupés court, Emmanuelle Pireyre, née en 1969 et qui vit à Lyon, s'est dite "très heureuse d'être récompensée pour sa vision féerique du monde. C'est la liberté qui permet de le transformer en féerie", a-t-elle dit à l'AFP. "J'ai mis cinq ans à écrire ce livre qui demandait d'inventer des formes nouvelles".
Après des études de commerce et de philosophie, Emmanuelle Pireyre a d'abord publié ses textes dans des revues de littérature ou de poésie. En 2000, Maurice Nadeau a édité "Congélations et décongélations, et autres traitements appliqués aux circonstances", suivi de "Mes vêtements ne sont pas des draps de lit" en 2001. En 2006 est paru au Seuil "Comment faire disparaître la terre ?". "Féerie générale", son quatrième livre, est construit comme une succession de questions et de petites scènes où réalité et fiction s'entremêlent. Elle y propose, dit-elle, "une radiographie de la conscience européenne en ce début de siècle". "C'est un très beau livre, très neuf, très moderne, très +Médicis+. On recherche plus la découverte que la consécration", a souligné Dominique Fernandez. Le roman traite de l'intimité en prise avec une société ultraconnectée "où tout est relié et où les îlots de paix restants sont parasités", relève l'auteure.
Dans ce livre, le lecteur passe d'histoire en histoire, comme on surfe sur la toile, et tout se téléscope: récit, introspection, langage parlé, textos, courriels, rap... Les personnages sont multiples: des enfants qui jonglent avec la finance, une petite fille dont la mère est scotchée aux sites de rencontres, un Japonais tueur en série, collectionneur de mangas, qui a réellement existé ou une jeune musulmane, Batoule, dont la devise est "une cascade de glace ne peut constituer un mur infranchissable". Chaque nouveau chapitre contient son lot de personnages célèbres, réels ou fictifs. De James Brown à Claude Levi-Strauss, en passant par le Commissaire Moulin, mais aussi Nietzsche, Louis de Funès, Tolstoï ou Christine Angot...Un fil conducteur se dégage de loin en loin de cette mosaïque: comment échapper à ce qui nous relie tous, même sans le vouloir ?