Pour soutenir une collègue, les avocats du barreau de Grenoble étaient en grève depuis trois jours. Ils ont décidé de reprendre le travail lundi 3 décembre mais en appellent maintenant à la Ministre de la Justice.
Vendredi 30 novembre, les avocats grenoblois ont mis fin à leur mouvement de grève contre le procureur de la République mais ils attendent toujours des excuses publiques. Dans une nouvelle délibération, le conseil de l'Ordre des avocats a expliqué qu'il était "conscient de l'incidence d'une grève sur l'intérêt des justiciables" et qu'à se titre les avocats participeraient de nouveau à la vie judiciaire à compter du 1er décembre. Une prochaine assemblée générale est programmée pour le 5 décembre.
Pour autant, si la grève s'arrête, les mauvaises relations avec le parquet sont toujours d'actualité et il a été demandé au bâtonnier de "former recours auprès de Madame la ministre de la Justice aux fins de saisine du Conseil supérieur de la magistrature".
3 jours de grève
Depuis le mercredi 28 novembre, les avocats grenoblois protestent contre l'audition d'une de leurs consoeurs par les policiers de la Sûreté départementale. L'avocate - par ailleurs enceinte - a dû s'expliquer à la demande du procureur de la République, Jean-Yves Coquillat, sur un certificat médical (stipulant un arrêt de travail d'un jour) qui avait permis le renvoi d'un dossier de corruption qu'elle devait plaider.
Le barreau réprime l'attitude du procureur qui relève "de la calomnie et d'une dénonciation fausse", selon ses termes. Le procureur de Grenoble est un temps resté sur ses positions, expliquant qu'il était dans son rôle: "quand j'ai un doute, je fais faire une enquête".
Retour sur les faits
Le mardi 20 novembre 2012, une avocate du Barreau de Grenoble a sollicité, devant le tribunal correctionnel, le renvoi d’un dossier pour raisons médicales la concernant et en produisant un certificat médical. "Cette demande a fait difficulté", note les avocats dans leur délibération, "alors que la tradition de la vie judiciaire est toute autre". Le report de l’affaire a néanmoins été accepté.
Mais le 22 novembre 2012, cette avocate recevait une convocation pour comparaître à l’Hôtel de police au motif d’une enquête diligentée par le Procureur de la République de Grenoble "des chefs de faux et production d'un certificat médical de complaisance".
Alors, les avocats de Grenoble ont décidé de se serrer les coudes dans cette affaire, expliquant: "cette façon de procéder est contraire à tous les usages, elle constitue pour tout le Barreau une atteinte à l’honneur de la profession, aux relations de confiance entre avocats et magistrats".