Malgré la demande de 50 députés copéistes, F.Fillon n'a pas dissous son groupe dissident à l'Assemblée. Le député de Haute-Savoie Lionel Tardy, notamment, souhaite son "ancrage" quand Dominique Dord semble tenté.
Quelle journée à rebondissements à l'Assemblée ! La constitution de "Rassemblement UMP", ce mercredi 28 novembre, sa première séance symbolique au sein de l'hémicycle... les députés de tous bords s'en souviendront longtemps.
Dès lors que le groupe, avec sa liste de 68 députés, a déposé sa déclaration politique à la présidence de l'Assemblée et que le Journal officiel a officialisé son existence, Jean-François Copé a parlé de "Ligne rouge franchie".
Le nouveau groupe parlementaire, Rassemblement-UMP (R-UMP), apparaît donc comme une carte maîtresse dans la main de François Fillon, et un sujet de colère pour les copéistes.
La veille pourtant, on imaginait une sortie de crise pour l'UMP, au bout de dix jours très difficiles. Jean-François Copé avait accepté l'idée du référendum interne, pour demander aux militants s'ils voulaient revoter ou pas. En échange du renoncement, par le clan Fillon, à l'existence de leur groupe dissident.
Les députés copéistes lancent un ultimatum au nouveau groupe...
En fin de matinée, l'existence du R-UMP pouvait même paraître éphémère, et ses heures comptées : en deux heures à peine, des non-alignés, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet en tête, ont réuni 50 députés pour demander à François Fillon de renoncer à son groupe parlementaire, en échange de l'installation d'un comité des sages sur un référendum prévu le 31 janvier. Une heure limite a même été fixée: 15 heures. Jean-François Copé s'est alors engouffré dans la brèche en formulant le même ultimatum.
Dès lors, à l'Assemblée, c'est une course contre la montre qui s'est enclenchée. L'ex-premier ministre a eu beau dire qu'il ne "cèderait pas aux ultimatums chronométrés de qui que ce soit", et ses lieutenants se répandre sur les écrans télé pour répéter que le R-UMP "existera tant qu'il n'y aura pas les conditions d'un revote", on a senti, dans les couloirs, comme un frémissement, un espoir renaître pour sortir de cette crise fratricide.
Et les non-alignés d'avancer les noms des députés de tous bords, souvent très écoutés, participant à leur démarche: Gilles Carrez, le président de la commission des finances, Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée, Xavier Bertrand, Jacques Myard et Lionnel Luca de la Droite populaire...
... mais François Fillon persiste et signe :
Christian Jacob, président des députés UMP et très proche de Jean-François Copé, a tenté une relance à la mi-journée : la mise en place "sans délai" d'une commission paritaire indépendante pour organiser un référendum interne au mouvement. En échange, toujours, du renoncement au groupe dissident. "La scission du groupe UMP serait une tragédie pour l'opposition parlementaire que nous incarnons depuis 5 mois", a t-il martelé.
Une tentative bien accueillie par certains. Ainsi Dominique Dord, filloniste démissionnaire de son poste de trésorier de l'UMP, a avancé : (la proposition de Christian Jacob), "nous va plutôt bien. Il faut voir plus précisément mais j'ai l'impression qu'on va y arriver tranquillement".
Et puis, patatras... Peu avant 16 heures, la copéiste Michèle Tabarot a estimé que les discussions avec le camp Fillon étaient "finies", l'ex-Premier ministre n'ayant pas su "saisir" la proposition de dissoudre son groupe.
"Chacun va vivre sa vie", a commenté peu après Lionel Tardy, un des fillonistes les plus actifs. "Notre groupe devait disparaître dès l'annonce de nouvelles élections. Ce n'est pas le cas. Plus on le laisse ancrer dans le temps, plus ce sera difficile de le faire disparaître".
Signe de cet "ancrage": les députés fillonistes devaient se retrouver en fin d'après-midi pour se répartir dans les différentes commissions de l'Assemblée et voir comment organiser dorénavant leur travail.