Veninov, le fabricant de toile cirée, dont le redémarrage devait intervenir avant la fin 2012, attend toujours. "Rien ne se passe" selon la CGT et les salariés s'impatientent. Une table ronde est prévue vendredi avec le repreneur.
Les syndicats du fabricant de toile cirée Veninov, cédé en mai dernier au groupe autrichien Windhager, attendent encore le redémarrage de leur activité à Vénissieux (Rhône) et s'inquiètent du non-respect des engagements du repreneur.
Le tribunal de commerce de Nanterre avait conditionné cette cession en mai au redémarrage du site, Windhager l'évoquant avant la fin 2012, avec 40 à 50 personnes, des anciens salariés en priorité. Mais "rien ne se passe", constate Stéphane Navarro, responsable CGT. Le juge commissaire a organisé deux réunions en novembre en présence de représentants du repreneur, qui ont expliqué que la constitution de nouvelles sociétés prenait du temps.
"Les gens ont besoin de savoir à quoi s'en tenir", a déclaré mercredi à l'AFP Bernard Dhennin (CFDT), alors que les anciens salariés touchent une allocation de Pôle Emploi équivalente à 57% de leur dernier salaire. Une table ronde devrait se tenir vendredi en préfecture du Rhône, avant un audit technique mercredi de Windhager sur le site. La CGT demande l'embauche immédiate d'au moins 25 anciens salariés de l'usine. Des ex-salariés sont présents sur le site tous les jours pour éviter de nouveaux cambriolages ou dégradations, aucun gardiennage n'étant assuré.
Une histoire rocambolesque
Veninov avait été liquidé le 21 juillet 2011 dans des conditions rocambolesques et ses 87 salariés avaient alors occupé le site pour réclamer le maintien de leur emploi. Windhager, spécialisé dans les accessoires de jardin, a payé un total de 2,5 millions d'euros pour acquérir les machines, le terrain et les marques de Veninov, dont Venilia et Bulgomme en France. Le groupe autrichien prévoyait une montée en charge de l'activité, permettant d'employer quelque 80 salariés en 2015.
Créé en 1874, Veninov était le premier producteur européen de nappages plastifiés avant sa fermeture. Une procédure est toujours en cours devant le tribunal de commerce concernant le fonds d'investissement américain Gordon Brothers, qui avait accordé fin 2010 un prêt de 9,7 millions d'euros au groupe allemand Alkor Venilia, alors propriétaire de Veninov, et avait ensuite pris possession des 6 hectares de terrain à Vénissieux et de ses machines.
Par ailleurs, une enquête pénale a été ouverte après que le préfet du Rhône a saisi la justice, soupçonnant un prêt "illégal et dans des conditions léonines" de Gordon Brothers.