Michelin a annoncé mardi un bénéfice net de 1,6 milliard d'euros en 2012 (en hausse de 7,4%) mais les marchés ont puni la prudence du manufacturier clermontois en 2013 à la bourse de Paris. Le titre est en baisse de 4,33% à la clôture.
Michelin a bien résisté l'an passé à la crise de l'automobile européenne, grâce à son présence à l'international et ses produits à forte valeur ajoutée, mais la prudence du géant français du pneumatique pour 2013 a déçu les marchés qui ont puni son titre mardi. Le groupe de Clermont-Ferrand, un des trois mastodontes du pneu à l'échelle mondiale avec l'américain Goodyear et le japonais Bridgestone, a dévoilé mardi de bons résultats 2012 au regard du contexte économique difficile. Son bénéfice net a progressé de 7,4% à 1,6 milliard d'euros, et le bénéfice opérationnel avant éléments non récurrents a bondi de 25% à 2,4 milliards. "L'année a été solide", s'est félicité son patron Jean-Dominique Senard lors d'une conférence de presse. Pour 2013, "il faut être prudent, nous sommes tout au début de l'année", a-t-il fait valoir en évoquant une "année de transition". Le groupe estime que ses volumes devraient rester stables, tout comme son résultat opérationnel avant éléments non récurrents "sur base des parités de change actuelles", avec un cours des matières premières stables au premier semestre. Le flux de trésorerie devrait rester positif.
Michelin n'est pas allé au delà de la confirmation de ses prévisions pour 2015. Il vise à cette date un résultat opérationnel de 2,9 milliards d'euros. La résistance à la crise en 2012 a été rendue possible par "une politique de prix efficace", "une présence mondiale", qui a permis de compenser la faiblesse des marchés en Europe, et un effet négatif limité du prix des matières premières, explique le géant du pneu. Celui-ci a réduit le poids de l'Europe de l'Ouest dans ses ventes à environ un tiers, pour un autre tiers pour l'Amérique du Nord et le dernier pour le reste du monde. Cette tendance va se poursuivre, a assuré M. Senard, d'autant que Michelin construit des usines au Brésil, en Chine, en Inde et en Amérique du Nord. Michelin a amélioré la rentabilité de son activité poids lourds et revendique la place du numéro dans le segment "premium" à forte valeur ajoutée, un marché en croissance où "nous prenons des parts", a expliqué le patron du groupe. Son plan de compétitivité 2012-2016 lui a aussi permis d'économiser 146 millions.
Le chiffre d'affaires en valeur a progressé de 3,6% à 21,5 milliards, mais les volumes ont reculé de 6,4% avec "une demande qui reste atone au second semestre". Les ventes de pneus "tourisme et camionnettes" représentent le plus gros des ventes de Michelin à 11 milliards d'euros. Elles ont reculé en Europe de l'Ouest pour la "première monte", la vente aux constructeurs, conséquence de la chute des immatriculations, mais aussi pour le remplacement avec "une baisse record, supérieure au recul de 2008" lors de la crise. Les ventes ont progressé en Amérique du Nord en première monte mais légèrement baissé pour le remplacement à cause de "la baisse de confiance des ménages". Elles ont augmenté en Asie.
Michelin dispose d'une trésorerie disponible de 1,07 milliard d'euros, un niveau historiquement élevé qui va lui permettre de financer son développement futur, a souligné M.Senard. Il compte investir entre 1,8 et 2,2 milliards par an d'ici 2015. Le groupe se concentre sur sa croissance organique mais une acquisition "reste une option ouverte", selon son patron. Ses actionnaires vont profiter de sa bonne tenue financière, avec un dividende augmenté à 2,40 euros, contre 2,10 euros l'année précédente. Le groupe, qui emploie 107.300 personnes dans le monde, dont 63.100 en Europe, investit dans ses usines du Vieux continent. "Ce qui compte au bout du bout c'est que l'outil industriel européen, et français en particulier, soit compétitif", selon son patron.
M. Senard a par ailleurs salué les accords pour l'emploi conclu en France entre les partenaires sociaux. Ils "vont dans le bon sens" et "ils marqueront un pas significatif dans les relations sociales en France".